LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 25 mars 2022

Il y a soixante ans …

Il y a soixante ans, le 18 mars 1962, étaient signés les accords d’Évian. Ce pacte est le résultat de négociations entre la République française et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en vue mettre fin aux sept années de guerre et aux 132 années de colonisation française en Algérie.

Le cessez-le-feu décrété à partir du 19 mars 1962 marquera dès lors le début du processus de décolonisation du territoire, d’indépendance et de départ des « pieds-noirs » pour l’hexagone.

Aujourd’hui, soixante ans plus tard, les commémorations rappellent aux Français comme aux Algériens, leur passé commun. Aujourd’hui, le passé est progressivement exhumé par les historiens afin d’effectuer un travail de recontextualisation et de mémoire de ces évènements tragiques : des travaux commandés par le président Emmanuel Macron à la mise en lumière de figures de l’ombre (Voir l’article de Ouissal Harize), ce sont deux peuples qui redécouvrent toutes les facettes de ce conflit.

Si ce sujet vous intéresse, sachez que le Centre Culturel Arabe en Pays de Liège organisera prochainement une conférence sur le sujet : le docteur en Sciences politique, Sébastien Boussois, viendra nous présenter son nouvel ouvrage « Guerre d’Algérie, le trou noir de la Mémoire ».

En vrac dans le monde Arabe …

Tunisie : Le musée du Bardo, une autre victime de la crise politique. Celui-ci est fermé depuis le coup de force du président Kais Saied qui avait, le 25 juillet dernier, instauré l’état d’exception et le gel de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).  Le musée, ouvert en 1888, est l’un des plus importants d’Afrique et retrace une grande partie de l’histoire du pays depuis la Préhistoire. Hager Krimi, directrice du service de l’inventaire indique : « Dans un musée, il y a toujours un objet qui nécessite un soin. Alors après huit mois de fermeture, il est évident que l’humidité a dû toucher les trésors des beys ou les mosaïques [le Bardo en accueille la première collection au monde]. » Nombreux sont ceux qui espèrent que la relance du tourisme favorisera un retour à la normale pour ce lieu empreint d’Histoire…  (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Le musée, qui partage avec l’Assemblée des représentants du peuple les mêmes murs, un ensemble palatial qui fut une ancienne demeure des beys (gouverneurs représentant l’Empire ottoman), est fermé pour éviter toute tentative de pénétrer dans le Parlement.
© AFP & Fethi Belaid

Arabie Saoudite : Les rebelles houthistes ont attaqué une installation pétrolière d’Aramco. L’Arabie saoudite, un des plus grands exportateurs de pétrole au monde, voit souvent ses installations pétrolières être la cible d’attaques par les rebelles. Une usine de désalinisation à Al-Shaqeeq et une centrale électrique de Dhahran Al-Janoub ont également été touchées le samedi 19 mars. Plus tôt cette semaine, les houthistes ont rejeté une invitation du Conseil de coopération du Golfe (composé de six pays de la région) à participer aux pourparlers portant sur le conflit au Yémen qui se tiendront à Riyad à partir du 29 mars. (Voir l’article sur LeMonde.fr)

Petit retour en vidéo sur les origines du conflit :

Espagne – Maroc : Cette semaine, l’Espagne a annoncé pour la première fois publiquement partager la position marocaine sur la question du Sahara occidental. Cette déclaration mettant fin aux tensions diplomatiques entre les deux pays (Voir l’article de l’AFP). Pour rappel, les deux pays voisins étaient en froid depuis l’accueil et l’hospitalisation sur le territoire espagnol de Brahim Ghali, le chef du Polisario.

Ce changement de position marque dès lors un changement diplomatique notable dans la région : alors que le ministère marocain des Affaires étrangères a salué « les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet du Sahara marocain », la délégation du Polisario en Espagne a accusé Madrid d’avoir « cédé face au chantage et à la politique de la peur utilisée par le Maroc ». L’Algérie, fervent soutien du Polisario, prend ce revirement comme une trahison et déclare « Nous savons tous pourquoi Madrid a plié devant Rabat. Le Maroc a fait ce qu’il réussit le mieux : du ‘’chantage aux migrants’’ ! ». (Voir l’article de Malek Bachir)

Un peu d’Histoire

Un voyage dans le temps sur les traces des Vikings. Penchons nous sur l’histoire d’un chroniqueur abbasside du nom d’Ibn Fadlan. Il entreprit, au Xème siècle, un voyage durant lequel il longea la Volga, dans l’actuelle Russie. Il entretenait l’espoir d’y répandre l’islam mais aussi d’établir des routes commerciales.  Il rencontra un peuple : les « Rus’ ». Pour le lecteur moderne et les universitaires, ses descriptions sobres et froides des rituels rus’  ainsi que sa volonté de louer leurs qualités ajoutent de la crédibilité aux événements macabres qu’il relate. Ses écrits sont utiles pour ce qu’ils nous apprennent sur le « stade embryonnaire » de la création des identités ukrainienne et russe mais aussi parce qu’ils contiennent certaines des descriptions les plus détaillées des traditions vikings. N’est-il pas surprenant d’imaginer que des séries célèbres telles que « Vikings » n’auraient sans doutes pas vu le jour sans Ibn Fadlan et les Arabes ayant rencontré les Scandinaves il y a bien longtemps ? (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Pièces d’or arabes découvertes sur un site viking en Norvège. © Creative Commons & Wolfmann

Voici, contrairement à cette petite parenthèse historique, les récits d’enjeux sociétaux malheureusement bien actuels…

À propos de l’Islam…

La France, l’Union européenne et l’Inde se sont opposées à la création d’une journée internationale de lutte contre l’islamophobie reconnue par l’ONU. L’opposition de la France à cette résolution intervient alors que le gouvernement du pays est accusé d’islamophobie en raison d’une série de politiques visant à lutter contre le « séparatisme » et « l’islamisme » et de nouveaux pouvoirs qui ont été utilisés pour fermer des mosquées et des organisations de la communauté musulmane. Les activistes ouïghours ont, quant à eux, dénoncé le parrainage par la Chine de cette résolution de l’Assemblée générale de l’ONU aux côtés de pays musulmans. Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour, a déclaré à MEE : « Étant donné la répression brutale des musulmans ouïghours par le gouvernement chinois, ainsi que sa guerre contre l’islam en général, le coparrainage par la Chine est très paradoxal.» (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Des musulmans prient dans la grande mosquée de Srinagar au Cachemire indien, en mars 2022. © Reuters

Inquiétante flambée des violences contre les musulmans en France. En 2021, les actes antimusulmans ont augmenté de 38 %, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur. Une statistique d’autant plus inquiétante qu’elle est dépassée par la réalité : beaucoup de victimes préfèrent ne pas porter plainte. Djamel Sekkak, victime d’acte islamophobe, déclare : « Avant, nous vivions tous en bonne intelligence. Mais les choses ont changé. Je ne fais pas de politique, mais quand j’entends Zemmour dire que la France “est au bord de la guerre civile”, je m’attends au pire ».  (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

La libération de la parole raciste et islamophobe dans certains médias et chez des politiques inquiètent la communauté musulmane.
© AFP & Jean-François Monier

À vendredi prochain pour de nouveaux articles toujours au cœur du Monde Arabe et de ses enjeux, qu’ils appartiennent au passé, au présent ou à l’avenir.

2 thoughts on “LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 25 mars 2022”

  1. Merci beaucoup d’avoir structuré ces intéressantes informations.
    J’ai particulièrement lu le quitte ou double de Kais Saïed en Tunisie. Quel bonheur si cette tentative était réellement organisée pour casser la corruption. (dont intéressant débat qui eut lieu au CCAPL)

    Une fois encore le pétrole, ou plutôt le gaz naturel liquéfié GNL donne à l’ Algérie un gros poids dans la nouvelle position espagnole sur le problème Sahraouite. Dire que j’ai connu le contrat Distrigaz Belg. – Sonatrach Dz avec tous ces nouveaux tuyaux (que j’ai filmés sur place) pour amener à la liquéfaction près d’Oran. La Belgique n’a finalement acheté que le tiers du quota signé quand le pétrole a baissé de prix et perdu son procès à Paris. On aurait mieux fait de le garder ce quota …
    (centrales à gaz – risque Gasprom – etc)

    Merci à vous

    1. Bonjour,

      Un grand merci à vous pour votre commentaire et votre réflexion éclairée sur les sujets abordés. C’est toujours un réel plaisir de lire l’avis de nos lecteurs!

      À vendredi pour de nouveaux articles,

      L’équipe

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