LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 10 novembre 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Algérie – France : Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était en visite diplomatique en Algérie cette semaine. Il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune en vue de réchauffer les liens entre les deux pays (Voir l’article de Badr Saoudi).

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin rencontre le président algérien Abdelmadjid Tebboune. © AFP

Les sujets évoqués sont multiples et délicats depuis la brouille survenue lors de « l’affaire des visas » : lutte contre la criminalité organisée, enjeux migratoires, mobilité et sécurité civile. Bref, des thématiques qui restent les chevaux de bataille du ministre de l’Intérieur français. Rappelons également que cette visite intervient alors que la France s’apprête à voter une nouvelle loi sur l’immigration.

Algérie – Israël : Restons dans le domaine de la politique extérieure algérienne ! Lors d’une allocution au siège de la Cour suprême, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a appelé à traduire Israël devant la Cour pénale internationale (Voir l’article d’Arab News) :

« Tous les hommes libres du monde, les juristes arabes et les instances et organisations internationales des droits de l’homme à intenter une action judiciaire devant la Cour pénale internationale et les organisations internationales de défense des droits de l’homme contre l’entité israélienne. »

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune. © AFP

Cet appel a été entendu puisque pas plus tard que mercredi, un collectif d’avocats et de membres de la société civile algérienne a déposé une plainte collective contre l’État d’Israël devant la Cour pénale Internationale (Voir l’article d’Algérie Focus).

Arabie Saoudite – Israël : Alors qu’il y a quelques semaines le rapprochement entre les deux diplomaties semblait quasi effectif, l’attaque du Hamas et la riposte israélienne ont sonné le glas de la normalisation… Dernier coup de canif dans le contrat : une déclaration du ministre ultranationaliste israélien, Amichay Eliyahu.

Amichai Eliyahu. (Capture d’écran de Middle East Eye)

Celui-ci déclarait dans une interview ne pas être pleinement satisfait de l’ampleur des représailles israéliennes sur Gaza, affirmant que le recours à la bombe nucléaire serait « une option ». Et d’ajouter que quiconque brandissant un drapeau palestinien ou du Hamas « ne devrait pas continuer à vivre sur la surface de la terre » (Voir l’article de Middle East Eye).

L’Arabie saoudite – tout comme d’autres États arabes – ont fermement condamné ces déclarations (Voir l’article d’Arab News). Fort à parier que la réconciliation sera entravée après de telles sorties médiatiques…

Israël – Palestine : Cela fait déjà un mois…

Alors où en la situation après ces longues semaines de drames ?

Tsahal, l’armée de défense israélienne, est désormais entrée dans la bande de Gaza, a séparé le territoire de l’enclave en deux et traque désormais le Hamas à l’intérieur même de Gaza City. La ville est un terrain difficile à occuper ; l’armée israélienne espère dès lors pouvoir mettre à profit l’entrainement imaginé dans le désert du Negev, dans la ville reconstituée de Baladia (Voir l’article de la RTBF).

Ces combats dans la partie nord ont évidemment poussé encore plus de civils sur les routes. Ces derniers, drapeau blanc à la main, ont par milliers pris la direction du sud pour tenter d’échapper aux combats (Voir l’article de l’AFP).

Des Palestiniens fuyant la ville de Gaza vers les zones du sud, le 7 novembre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas. © AFP

En parallèle de cette guerre urbaine, les forces militaires israéliennes continuent à bombarder la depuis les airs toute cible suspectée comme appartenant au Hamas. Cette semaine, ces suspicions ont entre autres conduit l’armée à frapper un convoi d’ambulances, et ce avec le soutien moral d’une centaine de médecins israéliens (Voir l’article de Middle East Eye) :

Cependant, la population de l’État hébreu est loin d’être unie face à la riposte sanglante de son armée :

Ces citoyens, comme plusieurs ONG, dénoncent les crimes contre les civils palestiniens. Un avocat français a annoncé cette semaine avoir adressé au nom de trois ONG palestiniennes une communication à la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer notamment des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité́ » commis selon elles par l’armée israélienne dans la bande de Gaza (Voir l’article de l’AFP).

Outre une situation humanitaire indescriptible, ces violences à répétition contribuent à la radicalisation d’une jeunesse qui voit dans la violence son unique porte de sortie et de résistance (Voir l’article de l’AFP).

Un garçon passe devant un mur criblé d’éclats d’obus dans le camp de Jénine, en Cisjordanie. © AFP

De son côté, le Hamas semble confiant dans la possibilité de sortir vainqueur de ce conflit ; c’est du moins ce qu’a rapporté une source proche de la direction politique de l’organisation au média Middle East Eye (Voir l’article de David Hearst).

À l’aube de l’ouverture d’un congrès international visant à organiser l’aide humanitaire (Voir l’article de l’AFP), on apprend que des négociations – sous l’égide du Qatar – sont en cours entre les deux belligérants. Si elles aboutissent, ces négociations permettraient la libération de 12 otages en échanges d’un arrêt humanitaire de trois jours des bombardements israéliens (Voir l’article d’Arab News).

Jordanie : Les Jordaniens, dont une grande partie a des ascendances palestiniennes, sont depuis le début de ce conflit acquis à la cause des civils gazaouis.

C’est pourquoi, alors que l’on dénombre déjà près de 10.000 personnes tuées dont la moitié des enfants, le Royaume a décidé de réagir. Le roi Abdallah II a annoncé sur X (anciennement twitter) un largage d’aide médicale d’urgence, destinée à un hôpital de campagne jordanien situé à Gaza, ajoutant : « C’est notre devoir d’aider nos frères et sœurs blessés » (Voir l’article d’Arab News).

La reine Rania, d’origine palestinienne, n’est pas non plus restée silencieuse (Voir l’article de l’AFP) :

« Il doit y avoir un appel collectif en faveur d’un cessez-le-feu et je sais que certains opposants à un cessez-le-feu affirment que cela aiderait le Hamas. Cependant, avec cet argument, ils font abstraction de la mort, voire approuvent et justifient le décès de milliers de civils. C’est tout simplement répréhensible d’un point de vue moral, peu perspicace et pas tout à fait rationnel. »

Elle ne s’est pas privée de dénoncer le « double standard » dans le traitement de la souffrance des Palestiniens, au regard d’autres conflits dans le monde.

Liban : il y a quelques jours, les Libanais étaient suspendus aux lèvres du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, craignant une déclaration de guerre ou du moins une intensification des conflits.

Hassan Nasrallah, prudent, a précisé qu’ «  une escalade, sur le front [libanais], dépend de deux choses : l’évolution de la situation à Gaza, et le comportement de l’ennemi sioniste vis-à-vis du Liban  » (Voir l’article Alexandre Aoun).

Tunisie – Israël: Paradoxe dans un pays qui a toujours rejeté avec véhémence la normalisation avec l’État hébreu ! Alors que la Tunisie soutient ouvertement le camp palestinien depuis des années et que son président n’a pas caché son inimitié pour Israël, ce dernier vient de s’opposer à une loi criminalisant la normalisation (Voir l’article de Middle East Eye).

Des parlementaires tunisiens déplient le drapeau palestinien lors d’une minute de silence pour les victimes palestiniennes de Gaza, à l’ouverture d’une séance consacrée à un projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël, le 2 novembre. © AFP & Fethi Belaïd

Un groupe de députés tunisiens a proposé une loi prévoyant de lourdes peines de prison toute normalisation avec Israël. Mais, à la surprise générale, le président Kais Saied s’est dissocié de ce texte. Il aurait évoqué, en guise de justificatif, que « le projet de loi incriminant la normalisation avec l’entité sioniste [Israël] porterait atteinte à la sécurité de la Tunisie ».

Notons également que, le 27 octobre dernier, la Tunisie s’est abstenue de voter pour la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à une trêve humanitaire immédiate à Gaza.

Soudan : Là aussi, un cessez-le-feu humanitaire était attendu. Sous l’égide, entre autres, de l’Arabie Saoudite, des négociations étaient en cours entre l’armée et les Forces de Soutien Rapide (FSR) :

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