Quelle voie pour le monde arabe ?
Comme le reste du monde, le monde arabe sera contraint d’évoluer dans les prochaines années. On entrevoit d’ores et déjà des changements environnementaux et sociaux ; la jeunesse actuelle mais aussi les prochaines générations auront sans conteste fort à faire pour façonner le nouveau visage du monde arabe.
Alors quel visage prendront le Maghreb et le Moyen-Orient dans ce futur trouble ?
La COP26 ramène – si besoin était – le changement climatique sur le devant de la scène. Et les prévisions ne sont pas bonnes … En Europe, comme dans le sud, les perspectives à court terme de ce changement sont de plus en plus claires et précises : Middle East Eye dresse pour nous une liste des dangers qui menacent le Maghreb et le Moyen-Orient si nous n’infléchissons pas la courbes des températures et des émissions de gaz à effets de serre : inondations, températures supérieurs à 50°c, sécheresse, … Ces bouleversements auront évidemment des conséquences dramatiques sur les populations des régions touchées, faisant même craindre à certains observateurs une montée de la violence, voire même des guerres civiles !
D’un point de vue sociétal, il y a aussi du changement qui nous guète. Pour preuve, nous avons aujourd’hui décidé de mettre en lumière l’espoir d’inclusion et d’ouverture sur le monde : l’émergence et la multiplication – dans le sillage des mouvements révolutionnaires de 2011 – de médias ayant fait le choix du bilinguisme, voire du plurilinguisme. Certes ce phénomène répond à des particularismes locaux, révélateurs d’enjeux de classe mais aussi de financement (Voir l’article de Louise Aurat). Ils peuvent à l’avenir être cependant bien plus que cela. À l’heure d’une mondialisation, ce type de démarche n’est-il pas une avancée vers l’accessibilité de l’information ainsi que vers le dialogue entre les cultures et les peuples ?
En vrac dans le monde arabe …
Maroc : Au Maroc comme chez nous, l’entrée en vigueur d’un pass covid suscite beaucoup de tension. Le 18 octobre, le gouvernement marocain a annoncé l’entrée en vigueur d’un pass vaccinal obligatoire, devant ainsi le premier pays du Maghreb à l’imposer (Voir l’article de Rachid Bouanani). Tout déplacement entre les préfectures et les provinces, l’accès aux cafés, aux restaurants, aux établissements touristiques, aux commerces et à tous les espaces fermés, est désormais conditionné à la présentation du fameux document. Il en va de même pour les fonctionnaires, les employés et les usagers des administrations…
Les réactions ne se sont pas faites attendre : manifestations, déclaration d’atteinte aux droits humains, lettre du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) invitant le gouvernement à remplacer le « pass vaccinal » par un « pass sanitaire » pour inclure un test PCR négatif ou une attestation de guérison du COVID-19, …
Pour information, le gouvernement marocain avait jusqu’ici réussi à vacciner 22 millions de personnes en moins de dix mois (soit 76 % de la population cible) et à administrer une troisième dose à plus d’un million de personnes.
Maroc – Algérie : Les menaces fusent entre les deux voisins maghrébins et la question du Sahara occidental est toujours aussi délicate. Le dernier « accrochage » a eu lieu ce lundi 1er novembre causant la mort de trois ressortissants algériens la mort dans la région.
Selon l’Algérie, soutenant pour rappel les forces Front Polisario (groupe indépendantiste sahraoui), les trois hommes ont été « lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla », soit entre la Mauritanie et l’Algérie. Et d’ajouter « plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis, avec un armement sophistiqué, ce lâche assassinat » (Voir l’article de l’AFP).
Le camp adverse, via une source anonyme de l’AFP, déplore « des accusations gratuites contre le Maroc » et affirme que « Si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas. Le Maroc ne sera jamais entraîné dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale » (Voir l’article de Middle East Eye).
Qui dit vrai ? Où s’arrêtera cette escalade ?
Arabie Saoudite – Liban : Autre tension dans le Monde Arabe, celle entre l’Arabie Saoudite et le Liban (Voir l’article de Le Monde Arabe.fr). Mais qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Et bien, ce sont des déclarations de certains hommes politiques libanais:
Le premier est le ministre de l’Information, Georges Cordahi, qui a qualifié la guerre au Yémen d’« absurde » et affirmant que les rebelles houthis « n’attaquent personne et ne font que se défendre contre une agression extérieure ».
Le second est ancien ministre des affaires étrangères. Ce dernier a déclaré « L’attitude saoudienne aujourd’hui est provoquée par les avancées des Houthis, qui sont en passe de prendre Marib. Ce serait une défaite majeure pour les forces soutenues par la coalition menée par l’Arabie saoudite » (Voir l’article Paul Khalifeh).
Des propos que le royaume d’Arabie Saoudite ne pouvait cautionner, surtout d’un pays qu’il soupçonne depuis longtemps de se rapprocher de son ennemi iranien.
Liban : Pire crise politique, économique et sociale de son histoire … Et maintenant, marché noir de carburant (Voir l’article de Le Monde Arabe.fr). Des cartels se sont désormais mis en place et profitent de la dévaluation de la livre libanaise pour écouler de l’essence et du fioul venant de Syrie. Certains économistes n’hésitent pas à qualifier ce système de « mafieux », dont les Libanais sont évidemment les premières victimes.
La déliquescence de l’État et de son autorité semblent faire sombrer encore un peu plus le pays dans le chaos. Au point que d’aucuns redoutent désormais la guerre civile :
Soudan : La semaine dernière, nous évoquions le coup d’État militaire qu’a connu le pays. Découvrez aujourd’hui un article de l’Orient XXI portant sur les enjeux et l’avenir de la transition démocratique soudanaise (Voir l’article de Gwenaëlle Lenoir). Quelles seront les conséquences de ce bras de fer entre civils et militaires ?
Israël – Palestine : Fin octobre, l’État hébreux a lâché une nouvelle « bombe » dans le monde des ONG et des droits de l’Hommes. En effet, le ministère israélien de la Défense a publié un décret militaire qualifiant de « terroristes » six organisations de la société civile palestinienne œuvrant dans le territoire occupé : Addameer, Al-Haq, Defense for Children InternationaI-Palestine, UAWC, l’Union des Comités de Femmes palestiniennes, et le centre Bisan de recherche et développement (Voir l’article de Entre les lignes Entre les mots).
Human Rights Watch et Amnesty International, qui travaillent tout deux en coopération avec plusieurs de ces organisations, ont réagit conjointement :
« Cette décision déplorable et injuste constitue une attaque du gouvernement israélien contre le mouvement international des droits humains. Depuis des décennies, les autorités israéliennes ont systématiquement cherché à museler la surveillance du respect des droits humains et à punir les personnes qui critiquent son régime répressif à l’encontre des Palestiniens. Des membres du personnel de nos deux organisations ont eux-mêmes fait l’objet d’expulsions et d’interdictions de voyager […] La réponse de la communauté internationale sera un véritable test de sa détermination à protéger les défenseur·e·s des droits humains. »