LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 30 juin 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Algérie : L’actualité du pays nous parle de racisme cette semaine. Une jeune artiste influenceuse algérienne, Baraka Merzaia, dénonce le racisme anti-noir et tient à alerter sur la multiplication des propos discriminatoires à l’encontre des Subsahariens (Voir l’article de Middle East Eye).

Elle-même victime d’insultes (Kahloucha [noire], Camara [prénom générique que l’on donne aux Subsahariens], Sadaka [mendiante]), la jeune femme exprime ses déboires et son indignation sur les réseaux sociaux :

Lorsqu’un contrôleur d’un tramway de la capitale lui dit : « Vous êtes venus en Algérie pour vous améliorer sur tous les plans ».  Selon elle, le pire dans cette anecdote est « que personne n’a bronché dans le tramway, comme s’il ne se passait rien de grave […] Même si je n’étais pas Algérienne, c’est comme ça qu’on parle aux étrangers ? »

Baraka avait déjà défrayé la chronique en février 2023 à l’occasion de la finale Sénégal – Algérie du Championnat d’Afrique des nations : après la victoire du Sénégal, plusieurs supporters algériens avaient félicité la jeune femme, la croyant Sénégalaise…

https://twitter.com/lucarne_dz/status/1622200821428502529?s=20

Cette xénophobie ambiante à l’égard des populations subsahariennes, avait déjà été pointée chez le voisin tunisien.

Arabie Saoudite : Pour une fois, découvrez une information non pas politique mais patrimoniale de l’Arabie Saoudite. La vallée d’Al-Ula est une oasis entourée de vestiges d’une civilisation arabe préislamique : les Nabatéens. Ce peuple antique est le même que celui qui a construit la célèbre Pétra :

L’autre actualité du pays cette semaine, c’est évidemment le hadj, le pèlerinage à La Mecque. Après trois ans de limitation du nombre de participants en raison de la crise sanitaire, l’Arabie Saoudite a rouvert ses portes à plus de deux millions de pèlerins, venus de 160 pays (Voir l’article du Monde & AFP).

Des centaines de milliers de musulmans ont commencé le 25 juin 2023 à effectuer le « tawaf » de la Kaaba à La Mecque, en Arabie saoudite. © AMR NABIL  & AP

Égypte – France : Après avoir reçu le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane il y a quelques jours, l’Hexagone accueille un autre dirigeant du Monde Arabe : le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Or, à nouveau, des ONG condamnent ces relations avec un homme qu’elles accusent de bafouer les droits de l’Homme (Voir l’article de Middle East Eye).  Les organisations Egyptian Front for Human Rights (EFHR), EuroMed Rights, la Ligue des droits de l’homme, l’Organisation internationale contre la torture (OMCT), interpellent ainsi le président Emmanuel Macron :

« Nous vous écrivons pour vous demander de l’exhorter [le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi] en public et dans toutes les discussions bilatérales que vous pourriez avoir, à prendre des mesures rapides et efficaces pour faire face à la crise des droits humains en Égypte et rouvrir l’espace civique et la sphère publique, notamment en libérant toutes les personnes détenues arbitrairement. »

Maroc – Israël : Après une normalisation qui avait fait beaucoup de bruit, il semble que la lune de miel entre les deux nouveaux alliés connaisse son premier orage…

Suite à la décision de l’État hébreu d’approuver l’édification de plus de 4 500 logements dans les colonies en Cisjordanie occupée, le Royaume chérifien aurait reporté le Forum du Néguev. Cette réunion sous parrainage américain devait réunir les ministres de quatre pays arabes ayant des relations avec Tel-Aviv. Celle-ci a déjà été postposée à quatre reprises (Voir l’article de Clothilde Mraffko) …

Moyen-Orient & Afrique : On a tous entendu parler ce week-end de l’insurrection du groupe Wagner. Cette milice indépendante russe est rentrée au pays, en formation, et a avancé en colonne jusqu’à 200 km de Moscou, avant de renoncer.

Or, si le sort Evgueni Viktorovitch Prigojine, chef de Wagner, semble scellé, celui de sa milice est toujours incertain.  Les suites de cette affaire russo-russe pourraient néanmoins avoir de lourdes conséquences sur le Moyen-Orient et l’Afrique. En effet, le groupe est bien implanté en Syrie, en Libye et ailleurs en Afrique (Voir l’article d’Elis Gjevori).

Syrie : À l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, Caroline Rose, chercheuse spécialisée dans le commerce du captagon était invitée sur le plateau de l’émission Frankly Speaking d’Arab News (Voir l’article d’Arab News).

Cette dernière déclarait douter de la volonté sincère du Régime syrien de combattre le trafic de captagon, au vu de la « source importante de revenus » qu’il représente. Ajoutant que « plusieurs grands acteurs [de ce trafic] comme Maher al-Assad, sont des proches de Bachar al-Assad lui-même, ou des membres du puissant et influent appareil de sécurité syrien. Ils contribuent tous à maintenir la mainmise du régime syrien sur le pouvoir et le territoire dans tout le pays. »

Pour rappel, nous évoquions cette drogue dans une précédente dépêche : également appelée « la drogue des djihadistes », le captagon est une amphétamine dérivée d’un médicament, dont le commerce prend ses racines en Syrien mais étend ses tentacules sur tout le Monde Arabe. Voire au-delà…

Tunisie : Ce jeudi, le pays était au cœur des discussions européennes. L’Union espère en effet pouvoir conclure un accord de « partenariat global » avec la Tunisie  (Voir l’article de l’AFP) : cet accord comprendrait un volet migratoire et proposerait une généreuse enveloppe financière en échange d’un contrôle plus strict des frontières tunisiennes.

Depuis quelques semaines, les dirigeants et ministres de la zone Euro se succèdent donc à Tunis pour « séduire » le président Kaïs Saïed : la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le premier ministre néerlandais Mark Rutte, Gérald Darmanin (Voir l’article de Samia Lokmane) et Nancy Faeser, respectivement ministre français et allemande de l’intérieur,…

Réception de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen par le président Kaïs Saïed au palais de Carthage, le 11 juin 2023. © Présidence tunisienne & AFP

Sur la table, des chiffres que le pays aurait tort de ne pas considérer : un prêt de 900 millions d’euros conditionné à la conclusion de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI), une aide immédiate de 150 millions d’euros destinée au budget, ainsi que 105 millions pour accroitre la surveillance des frontières !

Surtout au regard des nombreuses difficultés financières endurées par la population (Voir l’article de Moncef Mahroug) au cours de ces dernières années et en cette période de célébration de l’Aïd El-Adha (Voir l’article d’Akram Belkaid).

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