LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 24 février 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen – Orient…

Algérie: « le ministre qui chasse les arcs-en-ciel », voilà une appellation qui peut prêter à sourire mais qui cache en réalité des relents homophobes. Le ministre du commerce algérien, Kamel Rezig, un conservateur connu sur la scène nationale pour ses gaffes, a lancé début janvier une campagne contre « des produits contenant des couleurs et symboles attentatoires aux valeurs morales », notamment arc-en-ciel… On l’aura compris à travers ces discussions « de colorimétrie », ce sont bien les membres de la communauté LGBTQ+ qui sont visés (Voir l’article d’Hamza Bensouda).

De quoi ramener, une fois encore, sur le devant de la scène la question des discriminations basées sur l’orientation sexuelle dans le Monde Arabe :

Arabie Saoudite : Amnesty International tire la sonnette d’alarme quant à la répression menée dans le pays contre les web-activistes. Cette affaire concernerait pas moins de quinze personnes s’étant exprimées sur internet et ayant ensuite été jugées et condamnées à de lourdes peines par un tribunal créé pour traiter les affaires de « terrorisme » (Voir l’article de Middle East Eye).

Noura al-Qahtani, 50 ans et mère de cinq enfants, a vu sa condamnation passer de 13 à 45 ans de prison. D’après les sources d’Amnesty International, il s’agit de la plus lourde peine jamais prononcée contre une Saoudienne pour s’être exprimée pacifiquement en ligne. (capture d’écran Twitter)

De plus, Amnesty dénonce la volonté du royaume saoudien d’infiltrer les plateformes numériques, telles que Twitter, pour contrôler ses sujets et leurs opinions.

Israël – Iran : Les relations entre les deux pays – on le sait – sont extrêmement tendues. Cette semaine, une frappe aérienne israélienne a tué cinq personnes et endommagé plusieurs bâtiments dans la capitale syrienne, Damas. Certaines sources affirment que la cible de cette attaque était un centre logistique géré par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) de l’Iran (Voir l’article de Paul Iddon).

Les dégâts d’une frappe aérienne israélienne ayant pour cible un centre logistique géré par le CGRI (Damas, 19 février 2023). © AFP

Cette frappe fait suite à deux autres incidents survenus en janvier : le 28 janvier, une frappe nocturne de drone visait une installation militaire dans la ville d’Ispahan, au centre de l’Iran et, le 29 janvier, c’était un convoi de camions iraniens qui était pris pour cible en Syrie. Les experts estiment qu’Israël était très probablement derrière toutes ces opérations secrètes.

Israël – Palestine : Un mouvement qui semble s’installer ! Pour la sixième semaine consécutive, plus de 80 000 Israéliens ont manifesté pour contester le projet de réforme  de la Cour suprême. Les citoyens dans la rue critiquent une réforme qui – selon eux – va à l’encontre de la démocratie, précisant que la Knesset sera alors en mesure d’annuler une décision de la cours suprême :

Si cette réforme est crainte par les citoyens juifs, elle pourrait être bien plus néfaste encore pour les Palestiniens avec une menace de renforcement drastique des mesures de ségrégation à leur encontre (Voir l’article de Sylvain Cypel). Peut-être l’engrenage vers une nouvelle Nakba comme le titre l’Orient XXI ?

L’unique chose sur laquelle on peut se prononcer à l’heure actuelle est le fait que la tension en Cisjordanie augmente dangereusement ! Un raid israélien dans la ville de Naplouse a fait 11 morts côté palestinien et plus de 80 blessés par balle. L’armée israélienne a déclaré que le raid visait des combattants suspects « dans un appartement de repli », qui étaient accusés de fusillades en Cisjordanie (Voir l’article de Mohammed Najib).

De jeunes Palestiniens lancent de la peinture et des pierres sur un véhicule militaire israélien lors d’un raid à Naplouse, le 22 février 2023. © Reuters, dans un article de l’AFP.

Koweït : Connaissez-vous Abdullah Al-Nefisi ? Fort à parier que non ! Pourtant cet intellectuel koweitien enflamment la toile dans le monde arabe et ne recule devant aucune les polémiques pour faire valoir ses idées, au risque de déranger les familles régnantes des pétromonarchies du Golfe. Ses thèmes de prédilection : l’opposition à la normalisation des relations avec Israël et la défense des soulèvements arabes de 2011. L’Orient XXI (Voir l’article de Shathil Nawaf Taqa) vous dresse le portrait de ce professeur de sciences politiques qui secoue la semi-démocratie koweïtienne !

© Wikicommons

Liban : Alors que la grève des banques se poursuit et que la grogne populaire s’intensifie (Voir l’article de Clément Gibon), le chef du Conseil économique et social, Charles Arbid, s’est prononcé sur la situation financière du pays. Selon le président de cet organe consultatif indépendant :

« Le Liban que nous connaissons est en train de profondément changer sous l’impulsion de dirigeants qui se soucient peu de son sort. Nombreux sont les pays qui sont tombés dans l’oubli et qui ont été livrés à leur sort. La pauvreté et la violence ont prévalu après que le monde a cessé de s’intéresser à eux.»

Rappelons que la livre libanaise a encore perdu de sa valeur : elle est passée à 81 000 livres libanaises pour 1 dollar (1 dollar = 0,94 euro). Les activités de la Banque centrale ont quant à elles chuté à 10 millions de dollars par jour (Voir l’article de Najia Houssari) ! 

Les Libanais peinent aujourd’hui, plus que jamais, à maintenir un niveau de vie décent :

Syrie – Turquie : le sort s’acharne et la terre tremble à nouveau dans la région ! Deux séismes, de magnitudes 6,4 et 5,8 sur l’échelle de Richter, ont à nouveau secoué le nord de la Syrie et la province turque de Hatay, ce lundi 20 février. Cette réplique a fait au moins six morts et des dizaines de blessés (Voir l’article de l’AFP).

Des secouristes recherchent des victimes dans un bâtiment effondré (province de Hatay, dans le sud de la Turquie, le 20 février 2023. © AFP & Samir al-Doumy

Les drames dernières semaine n’ont pas manqué de réveiller les craintes quant à instabilité sismique de toute la côte levantine. En effet, de Beyrouth à Amman en passant par Ramallah ou Tel Aviv, des millions de personnes vivent le long de ce que l’on appelle « la faille de décrochement de la mer Morte » (DSF), également nommée « faille du Levant ». Celle-ci fait la jonction entre les plaques africaine et arabique, reliant sur plus de 1 200 kilomètres le golfe d’Aqaba à la Turquie :

©Middle East Eye

Or, tous les spécialistes interrogés par le quotidien Middle East Eye (Voir l’article de Laurent Perpigna Iban) sont catégoriques : ces craintes sont fondées et la région n’est absolument pas préparée à affronter un « Big One ».

Tunisie : En Tunisie, ce sont les déclarations jugées racistes du président Kaïs Saïed qui défrayent la chronique :

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