LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 17 février 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…

Espagne – Maroc : Afrique XXI (Voir l’article de  Clair Rivière & Émilien Bernard) publie une enquête sur la mort tragique de 23 migrants dans l’enclave espagnole de Melilla. Pour rappel, le 24 juin dernier, près de 2000 migrants avaient essayé de traverser la frontière entre le Maroc et l’Espagne et une trentaine d’entre eux avaient trouvé la mort  dans la bousculade et sous les coups des forces de l’ordre (fait que l’ONU a qualifié d’« usage excessif de la force » contre des migrants).

Du côté espagnol, la barrière est composée de trois clôtures culminant à au moins six mètres (Melilla, novembre 2022). © Clair Rivière

Aujourd’hui, sur place, plus d’une dizaine de survivants du massacre ont été emprisonnés et peu acceptent de témoigner. Depuis le drame, les Subsahariens ont les pires difficultés à prendre le bus pour la région de Nador : si ce n’est pas le chauffeur qui leur refuse l’accès, c’est la gendarmerie royale qui les fait descendre au niveau d’un barrage routier.

France : Qui sera la nouvelle figure de l’Institut du Monde Arabe ? Le mandat actuel du président de l’IMA, Jack Lang, arrive à son terme début mars. Emmanuel Macron devrait trancher le 1er mars pa rle biais d’un décret présidentiel. Une chose est certaine: Jack Lang ne serait pas contre la reconduction de son poste pour la troisième fois consécutive.

Il a d’ailleurs  de grands projets pour l’institution : parmi ceux-ci, un nouveau musée qui devrait voir le jour fin 2025-début 2026 (Voir l’article de Melinda Mrini):

Israël-Palestine : Une nouvelle fois secoué pour ses décisions politiques, la semaine a été chargée pour l’État hébreux.

D’une part, en raison des manifestations en son sein :

Et d’autre part, par l’ONU dont les rapporteurs accusent Israël de « domicide », appelant à mettre fin « aux démolitions ou fermetures systématiques et délibérées de logements […], aux déplacements arbitraires et aux expulsions forcées de Palestiniens en Cisjordanie occupée ». (Voir l’article de l’AFP)

Des machines israéliennes démolissent une maison palestinienne dans le quartier arabe de Silwan (Jérusalem-Est, 10 mai 2022). © AFP & Ahmad Gharabli

Comme ce fut rappelé cette semaine par notre conférencier Pierre Galand, à l’occasion de son intervention « Mort des accords d’Oslo = Disparition de la Palestine ? », une initiative citoyenne européenne est en cours actuellement. Celle-ci vise à mettre fin au commerce de l’Union avec les colonies mais aussi d’appliquer le droit international et les droits de l’Homme dans ses relations commerciales.

La pétition pour faire bouger nos autorités nationales et européennes se trouve ici.

Monde Arabe : L’antenne arabe de la BBC ferme ses portes après 85 ans d’existence, en clôturant sa diffusion comme elle l’avait débutée par un « This is London, The British Broadcasting Corporation » (Voir l’article de Jim Muir).

Dans tout le monde arabe, des millions de gens ont grandi avec le carillon de Big Ben lancé par l’indicatif « Hunna London ». Pendant des décennies après sa création en 1938, la BBC a été considérée par beaucoup comme la seule source fiable d’informations, en particulier en temps de crise.

Le BBC Arabic Service était aussi, bien sûr, un exemple classique de « soft power », diffusant l’influence et les valeurs britanniques.

La fermeture de BBC Arabic Service n’est cependant pas pleine et entière : « Ce n’est pas un au revoir, nous vous attendons sur le site », a déclaré la radio, notant que les auditeurs peuvent continuer à écouter leurs programme en direct sur des plateformes en ligne.

Soudan : Toujours pas de fumée blanche au Soudan … Depuis octobre 2021, c’est l’armée qui exerce le pouvoir dans le pays. Peu pressée de mettre en place une transition démocratique digne de ce nom, elle fait aujourd’hui face à fortes sanctions internationales et à une mobilisation populaire toujours vive. De quoi accélérer les négociations ? L’Orient XXI revient cette semaine sur la question ! (Voir l’article de Gwenaëlle Lenoir)

Manifestation de masse contre l’accord visant à mettre fin à la crise provoquée par le coup d’État militaire de 2021 (Sud de Khartoum, 5 décembre 2022). © Ebrahim Hamid & AFP

Tunisie: Pour poursuivre dans la thématique démocratique, la Tunisie semble de plus en plus dans le collimateur de l’ONU. Le week-end dernier, les services de sécurité tunisiens ont lancé une campagne d’interpellation à l’encontre de militants politiques, d’anciens magistrats et d’un influent homme d’affaires ; ceci au nom de la « sûreté de l’État ». C’est, par exemple, le cas de Noureddine Bhiri, chef du parti tunisien islamo-conservateur Ennahdha et le directeur d’une radio privée (Voir l’article de l’AFP).

Ces nouvelles arrestations font craindre à l’ONU une « aggravation de la répression » dans ce pays pourtant à l’initiative du Printemps Arabe (Voir l’article de  Middle East Eye).

Turquie – Syrie : Le président Bachar Al-Assad a décidé d’ouvrir deux points de passage à la frontière syro-turque pour permettre pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux millions de victimes du tremblement de terre.

Une réunion s’est tenue lundi à Damas entre Assad et le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, qui a ensuite informé le Conseil de sécurité des conséquences du tremblement de terre sur les opérations humanitaires.

Cette avancée a été saluée par l’ONU (Voir l’article d’Ephrem Kossaify)

Des bâtiments endommagés à la suite d’un tremblement de terre, dans la ville de Harem, tenue par les rebelles (Syrie, le 13 février 2023). © Reuters

Ce malheur pour la population pourrait bien servir les intérêts de son président. Lors de sa première visite sur le terrain, le président syrien Bachar al-Assad n’a pas manqué de critiquer l’Occident, l’accusant d’avoir abandonné son pays.

Le président semble bien décidé de voir dans cette catastrophe une occasion de faire pression sur la scène internationale pour que son pays soit moins isolé. Preuve en est : les responsables du gouvernement Assad n’ont pas ménagé leurs efforts pour clamer que les sanctions américaines et européennes entravent l’accès de l’aide à la Syrie et ralentissent les opérations de recherche et de sauvetage pour les familles encore coincées sous les décombres (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Les États-Unis et l’Union européenne ont d’ores et déjà indiqué qu’ils ne mettront pas fin aux sanctions imposées au pays en raison des politiques répressives et brutales utilisées par le  président Assad.

Yémen : Cette semaine, un hashtag a relancé le débat sur la nation yéménite (Voir l’article de Khaled Al-Khaled & Laurent Bonnefoy). Habits traditionnels, spécialités culinaires et patrimoine architectural sont revenus à la mode sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #YemenIdentity. Cet engouement observé sur les réseaux sociaux s’inscrit dans un contexte de remise en cause profonde de l’identité nationale.

Notons que le buzz s’accompagne d’une polémique car le fameux hashtag continue de révéler de révéler les divisions présentes dans le pays. Certains partisans de la sécession sudiste présentent une image de référence qui n’est pas en soi yéménite, utilisant volontiers la référence à l’Arabie du Sud.

@rafeeq_alradee (Instagram)

 

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