Les Palestiniens marquent la «Nakba» dans un contexte tendu avec les forces israéliennes. Les manifestations organisées chaque année le 15 mai à travers la Cisjordanie, territoire palestinien occupée depuis 1967 par Israël, Jérusalem-Est annexée par l’Etat hébreu, et à l’intérieur d’Israël se sont déroulées dans un contexte de fortes tensions après la mort de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh. Des charges policières ont d’ailleurs eu lieu pendant ses funérailles. La police israélienne a fait irruption dans la foule en deuil devant l’hôpital français de Jérusalem, frappant les manifestants à coups de matraque et forçant les porteurs du cercueil à le baisser.
La journaliste palestinienne Shatha Hanaysha, qui se trouvait avec Shireen Abu Akleh lorsqu’elles ont été la cible de tirs, témoigne : « On a délibérément tenté de nous tuer. Celui qui nous a tiré dessus cherchait à tuer. Et c’est un sniper israélien qui nous a tiré dessus. Nous n’avons pas été prises dans des échanges de tirs avec des combattants palestiniens, comme le prétend l’armée israélienne. »
Suite à ces derniers évènements, Alain Gresh (spécialiste du Proche-Orient et auteur de plusieurs ouvrages) signe un édito nous poussant à porter un regard critique sur le rôle de l’Occident – mais aussi des autres pays arabes – dans l’escalade des tensions entre Israël et la Palestine :
« Ni l’Occident ni les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël ne sont prêts à aller au-delà des dénonciations verbales qui n’égratignent personne ! »
Au lendemain de la mort de la journaliste, Israël approuvait près de 4 500 logements dans des colonies en Cisjordanie, dont 2 700 définitivement. La colonisation israélienne, illégale au regard du droit international, s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Des réseaux d’influence pro-israéliens et émiratis cultivent l’art du non-dit sur les accords d’Abraham. Un « colloque » avait lieu au Sénat le 2 mai sous le titre : « Les accords d’Abraham : une promesse de paix pour le monde ». L’évènement s’est révélé instructif dans ses non-dits, bien plus que dans la teneur des propos échangés, en passant outre la question palestinienne. Les récents événements sur l’esplanade des Mosquées sont relégués au rang de « problèmes internes » à Israël, fomentés par le Hamas et les Frères musulmans. À ce propos, voici également un article concernant les réels enjeux du contrôle de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem.
En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…
Egypte : le Sphinx a-t-il vraiment fermé les yeux ? Le Sphinx est la plus ancienne sculpture monumentale d’Égypte et l’une des statues les plus reconnaissables au monde. En Égypte, on l’appelle « Abu al-Hol », qui se traduit littéralement par « père de la terreur » ou « le terrifiant ». Des images de ce dernier, les yeux fermés, ont récemment fait l’objet de plaisanteries et d’étonnement sur internet. Une publication Facebook, possible point de départ de cette tendance, montre de nombreuses photos et une vidéo du Sphinx les yeux fermés. Cette publication a été partagée près de 7 000 fois jusqu’à présent. Le Caire affirme que les gens ont été bernés. Un communiqué publié par la page Tourism Egypt sur Facebook a également réfuté ces allégations, expliquant que ces images étaient le fruit d’une prise de vue selon un angle particulier ou retouchées sur Photoshop. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)
Emirats Arabes Unis : Les dirigeants du Moyen-Orient et du monde rendent hommage au Cheikh Khalifa. Cheikh Khalifa ben Zayed, le 16e souverain d’Abou Dhabi, est décédé vendredi à l’âge de 73 ans. Les messages de condoléances affluent du Moyen-Orient et du monde entier. (Voir l’article sur ArabNews.fr)
Le nouveau président des Émirats arabes unis (EAU), cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane (MBZ), s’est entretenu dimanche avec son homologue français, Emmanuel Macron. Le président français et le nouveau chef de l’Etat des Emirats arabes unis, ont affirmé dimanche leur volonté de renforcer le partenariat stratégique, déjà très poussé, entre leurs deux pays, à l’occasion d’un entretien à Abou Dhabi. (Voir l’article sur ArabNews.fr)
Liban : Dans notre dernière dépêche nous évoquions les élections législatives libanaises.
Si certains s’étaient d’ores et déjà résignés, d’autres espéraient encore voir venir le changement et plaçaient donc beaucoup d’espoir dans les élections législatives du week-end dernier. L’Orient XXI tente de comprendre, chiffres à l’appui, l’évolution des opinions citoyennes depuis les grandes manifestions de l’automne 2019. Désapprouvé le régime en place, certes, mais comment en changer ? Cette classe dirigeante, souvent accusée d’avoir instauré un système de kleptocratie, sera-t-elle renouvelée ? Quel avenir pour la jeunesse dans un pays au bord du gouffre ?
Autant de questions qui restent pour l’heure sans réponse… Ce que l’on sait déjà en revanche, c’est que le taux de participation a été particulièrement faible : le ministère libanais de l’Intérieur a annoncé une participation de 41% après la fermeture des bureaux de vote (19h). Précisions que ce taux est extrêmement variable en fonction des régions : 12% à Jbeil-Kesserwan, 22% dans la circonscription de Beyrouth II, 17% dans la circonscription de Beyrouth I et 12% à Tripoli. Plusieurs circonscriptions ont dès lors déjà leurs résultats, annoncé par en conférence de presse par le ministre de l’intérieur Bassam Mawlawi.
Libye : Toujours très divisée, le pays a été le témoin d’affrontements violents. Des groupes armés se sont affrontés dans la capitale, après l’arrivée de Fathi Bachagha, Premier ministre désigné par le Parlement siégeant dans l’est du pays. Pou rappel, deux gouvernements rivaux coexistent actuellement en Libye (Voir l’article de Hamza Mekouar).
Oman : Lorsque l’on parle des pays du Golfe, on a souvent tendance à imaginer des paradis fiscaux où l’argent coulerait à flot. Or, il s’avère que certains de ces états font face aux chômages, à l’assainissement des finances publiques et à des réformes budgétaires. C’est le cas du Sultanat d’Oman (Voir l’article de Sebastian Castelier): l’actuel souverain, Haïtham Ben Tarek, s’est lancé dans une révision du système financier de son pays, afin de palier aux déficits du passé. Son dernier projet : un impôt sur le revenu !
Cet impôt toucherait les ressortissants étrangers à hauteur de 5 ou 9 %, au-delà d’un seuil de 100.000 dollars (246.723 €) et les citoyens omanais à 5 % sur leur revenu supérieur à 1.000.000 de dollars (2.467.235 euros).
Syrie : Plus de 9,3 millions d’enfants syriens ont besoin d’aide, selon l’Organisation des Nations unies. Il s’agit d’un niveau jamais atteint depuis le début du conflit en 2011. « Les enfants de Syrie ont souffert depuis beaucoup trop longtemps et ne devraient plus souffrir », commente l’Unicef dans un communiqué. L’Unicef déplore la baisse des financements internationaux et affirme avoir reçu «moins de la moitié des fonds nécessaires cette année». L’organisation a « un besoin urgent de 20 millions de dollars [un peu moins de 19 millions d’euros] pour ses opérations transfrontalières, seul moyen de survie pour près d’un million d’enfants dans le nord-ouest de la Syrie », une région tenue par les rebelles. (Voir l’article sur LeMonde.fr)
Tunisie : Kais Saied contre la présence d’observateurs étrangers aux élections. “Nous ne sommes pas un Etat sous occupation pour qu’on nous envoie des observateurs”, a-t-il déclaré lors de la cérémonie de prestation de serment au palais présidentiel des nouveaux membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, M. Saied a prévu un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet, avant des législatives le 17 décembre. Les opposants du président l’accusent de vouloir mettre en place une instance électorale docile avant l’organisation du référendum et du scrutin législatif. (Voir l’article sur ArabNews.fr)
Yémen : une « trêve fragile » qui appelle des actes. La trêve de deux mois est le premier cessez-le-feu à l’échelle nationale, dans la guerre civile au Yémen qui a éclaté en 2014. Les parties au conflit, l’Arabie saoudite et l’Iran au premier plan, s’affrontent par procuration sur le sol yéménite pour tenter de gagner le leadership dans la région du Golfe. L’envoyé spécial des Nations unies, Hans Grundberg, estime que ces pays doivent cesser de prendre le Yémen pour un simple terrain de jeu. (Voir l’article sur LeMonde-arabe.fr)
Quand la culture arabe s’exporte …
Pour conclure cette dépêche, un peu de culture ! Cinéma, musique, …Petit tour d’horizon des éléments de culture arabe qui font l’actualité !
La 75e édition du célèbre festival de Canne fait la part belle aux femmes cinéastes, à la cinématographie tunisienne ainsi que aux réalisateurs issus de la diaspora du Monde Arabe. L’occasion pour Middle East Eye de revenir sur le sujet !
Évoquons également « Kawkabani », un dessin animé qatari créé par des passionnés avec pour objectif de faire connaître la culture et les coutumes de leur pays aux visiteurs étrangers attendus pour le Mondial 2022.
Mais le cinéma n’est pas le seul domaine dans lequel la culture venue du monde arabe semble avoir du succès ! Il en va de même dans l’industrie musicale : Soolking, le rappeur algérien à la conquête de l’Amérique :
Après deux albums et plusieurs tubes, dont « La Liberté », l’un des hymnes de la rue algérienne en révolte contre son pouvoir, Soolking s’offre une nouvelle dimension internationale.