LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 13 mai 2022

Législatives libanaises

Ce dimanche 15 mai 2022, les Libanais seront appelés aux urnes en vue de renouveler les 128 membres de la Chambre des députés. Une élection perçue par la population comme une nouvelle et ultime occasion de faire bouger les choses dans un pays en proie à la crise…

Une Libanaise sort d’un bureau de vote pour les législatives, à l’ambassade libanaise à Riyad, en Arabie saoudite, le 6 mai 2022. ©AFP & Fayez Nureldine

Au-delà des frontières, la diaspora libanaise  a quant à elle déjà commencé à voter : en Europe, en Australie, aux Etats-Unis, au Canada, aux Émirats Arabes Unies, en Afrique ou encore en Amérique latine, des foules s’amassent devant les ambassades libanaises. Les grandes capitales ont vibré aux couleurs du cèdre: Paris, Athènes, … Selon le Ministère des Affaires étrangères, ce ne sont pas moins de 250 bureaux de vote qui ont été installés dans 50 pays différents !

Au sein de cette diaspora aussi, on note un intérêt particulier pour ces législatives : plus de 225.000 Libanais résidant à l’étranger se sont inscrits sur les listes électorales, contre 92.000 en 2018.

Les candidats de l’opposition espèrent que cette diaspora votera majoritairement pour le changement de la classe politique. Et l’opposition s’y prépare activement !

Précisons également que plusieurs suspicions de corruption on été révélées ces derniers jours ! Des candidats et des partisans ont ainsi été accusés d’essayer d’acheter des votes en offrant des pots-de-vin aux électeurs indécis.

Conflit israélo-palestinien

Des accrochages ont éclaté jeudi dernier entre des policiers israéliens et des Palestiniens sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem. Des fidèles juifs ont recommencé à se rendre sur place en nombre malgré les craintes d’une nouvelle escalade. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : le soir-même, une attaque était perpétrée à Elad. Selon des témoins de l’attaque, deux assaillants sont sortis de leur voiture et ont frappé des passants à coups de hache, faisant trois morts israéliens et quatre blessés, avant de s’enfuir dans le même véhicule. Les autorités israéliennes ont lancé vendredi une importante chasse à l’homme pour retrouver les deux Palestiniens soupçonnés. Les suspects se sont rendus après 48 heures de cavale. L’attaque d’Elad a été condamnée par le président palestinien Mahmoud Abbas qui a prévenu qu’elle pourrait conduire à de nouvelles violences. Le Monde a également été secoué par la mort de Shireen Abu Akleh, correspondante d’al-Jazeera tuée par l’armée israélienne en Cisjordanie.

Ce climat de tensions a d’autres conséquences :


À Gaza, un an après sa dernière guerre contre Israël, le mouvement islamiste palestinien Hamas est confronté à un grand dilemme: poursuivre la résistance armée ou calmer le jeu afin de relancer l’économie en friche de la bande de Gaza. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

L’Egypte condamne l’intention d’Israël de démolir un certain nombre de villages palestiniens à Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée. (Voir l’article sur Arabnews.fr


Les États-Unis se sont également prononcés sur la question. La porte-parole adjointe du département d’État, Jalina Porter a déclaré : « Nous nous opposons fermement à l’expansion des colonies qui exacerbe les tensions et sape la confiance entre les parties. Le programme israélien d’expansion des colonies nuit profondément à la perspective d’une solution à deux États ». (Voir l’article sur Arabnews.fr

Pour conclure sur une note plus positive : un symbole de la coexistence compte bien renaître de ses cendres. En Israël, un chef reconstruit son célèbre restaurant de fruits de mer suite à un incendie. Son établissement, situé dans la vieille ville d’Acre au nord d’Israël (un quartier à majorité arabe), s’illustre par sa carte mais aussi son engagement en faveur du dialogue entre Juifs et Arabes. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…

Algérie : La France et l’Algérie : des perceptions inconciliables de l’histoire. Les relations algéro-françaises ont amorcé un réchauffement remarqué depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Mais le poids de l’histoire risque de rendre cette embellie éphémère… (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Amnesty et Human Rights Watch dénoncent des interdictions «arbitraires» de sortie du pays. Selon un communiqué conjoint de ces deux ONG, les autorités algériennes ont empêché au moins trois citoyens algéro-canadiens de rentrer chez eux au Canada entre janvier et avril 2022. “Il est consternant que les autorités algériennes empêchent des militants de retourner dans leur pays de résidence, sans même fournir une base légale à ce refus ou une justification écrite” , a dénoncé Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.  (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Arabie saoudite : La Ligue islamique mondiale intensifie ses efforts en faveur de l’émancipation des femmes. La Vision 2030 de l’Arabie saoudite met l’accent sur la participation active des femmes saoudiennes à tous les niveaux du marché du travail, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs stratégiques du Royaume. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Soumaya Redouane, directrice générale des partenariats et des relations avec les entreprises à la MWL. © Ligue islamique mondiale

Égypte : L’armée égyptienne a déclaré samedi qu’au moins 11 soldats, dont un officier, ont été tués dans une attaque de militants dans la partie nord de la péninsule du Sinaï. L’Égypte lutte depuis 2013 contre une insurrection menée par Daesh dans le Sinaï. Les militants ont mené de nombreuses attaques depuis lors, visant principalement les forces de sécurité et les chrétiens. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Dans un autre registre, l’Egypte compte plus de 60 000 détenus d’opinion, dont « des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association », selon Amnesty International. Parmi eux, trois satiristes de TikTok viennent d’être libérés. Ils dénonçaient la hausse des prix, sujet hautement sensible, sur l’air d’une chanson populaire… (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Le militant égyptien des droits Mohamed Lotfy, qui est directeur exécutif de la Commission égyptienne des droits et de la liberté (ECRF) basée au Caire, parcourt des images de militants détenus sur son ordinateur portable dans la capitale Le Caire, le 10 janvier 2020. © AFP

Irak : En Irak, des Yazidis retrouvent les camps après les combats au Sinjar. La majorité des 10.000 déplacés accueillis ces derniers jours au Kurdistan irakien, dans le nord de l’Irak, ont déjà goûté aux conditions de vie précaires des camps. Ils avaient fui une première fois Sinjar, foyer historique de la minorité yazidie, avec l’arrivée en 2014 du groupe Etat islamique. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Nouveau décès de la fièvre du Congo qui gagne de nouvelles provinces. La transmission à l’humain de cette fièvre hémorragique se produit “soit par les piqûres de tiques, soit par contact avec du sang ou des tissus d’animaux infectés, pendant ou immédiatement après l’abattage”, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). (Voir l’article sur Arabnews.fr)

L’eau est un enjeu ultra-sensible pour l’Irak et ses 41 millions d’habitants, qui ressentent au quotidien l’impact du changement climatique : désertification, tempêtes de sable à répétition, chute des précipitations et baisse du niveau des fleuves. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Maroc : Le parti arrivé en tête au parlement veut interdire le mariage des mineurs.Les députés du parti du RNI souhaitent abroger l’article 20 de la Moudawana permettant, sous un régime dérogatoire, le mariage des mineurs.  (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Sahara occidental : Dans la dépêche du 29 avril dernier, nous évoquions le sort de la militante Sultana Khaya, figure du combat des droits du peuple sahraoui. La presse révèle aujourd’hui que Sultana – assignée à résidence et menacée – aurait fait appel à des ressortissants américains afin de « venir briser le siège de sa maison »,  pariant sur le fait que la police marocaine serait moins encline à attaquer des individus protégés par des passeports américains (Voir l’article d’Alex MacDonald). Depuis le 16 mars, Khaya vit dès lors aux côtés de Tim Pluta, un ex-soldat irlando-américain, et de Ruth McDonough, une institutrice britanno-américaine.

Ruth McDonough, Sultana Khaya et Tim Pluta sur le toit de la maison de Sultana Khaya à Boujdour, agitant le drapeau sahraoui (photo fournie)

Soudan : Les tensions ne semblent pas s’apaiser dans le pays… Jeudi dernier, lors d’un rassemblement contre le pouvoir militaire en place, un des manifestants est décédé, « écrasé par un blindé appartenant aux forces [soutenant] le coup [d’Etat militaire du 25 octobre] », comme l’a annoncé le Comité central des médecins du Soudan (groupe indépendant prodémocratie). Ce triste décès porte à 95 le nombre de personnes tuées dans la répression de ces manifestations populaires (Voir l’article de l’AFP).

Syrie : La guerre en Ukraine a eu pour conséquence de remettre la situation syrienne sur le devant de la scène. Outre les polémiques qui entourent les différences de traitement entre les réfugiés syriens et ukrainiens, la presse a également mis en lumière les liens que le pays entretient avec la Russie : selon une source diplomatique, le régime syrien « a clairement fait le choix de s’engager aux côtés de l’invasion russe en Ukraine en lançant une grande campagne de recrutement de mercenaires syriens destinés à être envoyés sur le front ».

Cependant, l’ONU et l’Union Européenne ont martelé que « L’invasion russe de l’Ukraine […] ne doit pas occulter le très grave conflit toujours en vigueur en Syrie » (Voir l’article d’Arlette Khouri).

Un autre sujet syrien retient d’ailleurs l’attention cette semaine : une enquête du journal The Guardian et du magazine New Lines révèle des nouvelles images du massacre de Tadamon perpétré par des miliciens syriens fidèles au régime de Bachar al-Assad (Voir l’article de Nadia Al Faour). Plusieurs organisations de la société civile syrienne réclament d’ailleurs une enquête et une intervention du Conseil de sécurité de l’ONU (Voir l’article de Middle East Eye)

Images amateurs du massacre de Tadamon, à Damas, où l’on voit clairement des miliciens tirer sur des gens. © AFP

Pour rappel, en 2013, 41 civils ont été assassinés de sang-froid : un par un, les détenus aux yeux bandés ont été amenés au bord d’une fosse et ont été abattus. Les corps ont ensuite été incendiés.

Tunisie : En Tunisie, les eaux ont été meurtrières ! Le porte-parole du tribunal de Sfax a confirmé cette semaine la découverte de 24 corps sans vie ; d’après les premières informations, il s’agit de migrants dont les embarcations auraient fait naufrage au large des côtes tunisiennes (Voir l’article de l’AFP). Ces nouvelles victimes du « rêve européen » viennent s’ajouter aux autres de migrants déjà mort en mer au cours de ces derniers mois (soit un total de 92 personnes), tous originaires d’Afrique subsaharienne.

Undramatique cas similaire a eu lieu le long des côtes sahraouies. L’ONG espagnole Caminando Fronteras a annoncé avoir repêché 44 migrants noyés, suite au naufrage de leur embarcation de fortune. L’organisation tire également un bilan alarmant pour l’année 2021 :  4.404 migrants auraient trouvé la mort ou auraient disparu au cours de leur traversée en mer pour tenter de rejoindre l’Espagne (Voir l’article de l’AFP). Il s’agit du pire bilan depuis 2015, selon Caminando Fronteras !

Yémen : Il y a quelques semaines, nous vous annoncions la signature d’un cessez-le-feu entre les deux belligérants, le Yémen et l’Arabie Saoudite.

L’ONU a salué la libération de prisonniers houthis par la coalition du Yémen (Voir l’article d’Arab News) : la coalition a en effet libéré 163 prisonniers de guerre et facilité leur retour à Aden et Sanaa. Ce geste s’inscrit dans le cadre d’une volonté d’entériner le processus de paix.

Par ailleurs, les Houthis sont accusés d’avoir à plusieurs reprises violé le cessez-le-feu: selon le magazine Arab News, la milice houthie a commis 2.158 transgressions contre des chefs religieux, des mosquées et d’autres lieux de culte au Yémen au cours des quatre premiers mois de cette année. Il en serait de même – toujours selon Arab News – au sujet de la possibilité de lever le siège de la ville de Taiz.

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