LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 12 mai 2023

Le Moyen-Orient en guerre contre les narcotrafiquants

Quand on pense à la lutte contre la drogue, on imagine plutôt des membres de la DEA (Drug Enforcement Administration) américaine sur la piste de cartels sud-américains. Eh bien pas que : le Moyen-Orient est lui aussi victime du fléau de la vente de drogue.

Les médias ont relayé plusieurs opérations en la matière cette semaine :

Tout d’abord en en Syrie, où la presse révèle le décès d’un important narcotrafiquant et desa famille dans le sud du pays (Voir l’article de Nadia Al Faour). Ce dernier aurait trouvé la mort dans une frappe aérienne ciblée, ordonnée par la Jordanie. Le pays est en effet très engagé dans la lutte contre le trafic transfrontalier de stupéfiants.

Complexe appartenant au chef du cartel de Captagon, Merhi al-Ramthan, après les frappes aériennes. © Suwayda24

Merhi al-Ramthan est considéré comme le trafiquant de drogues, notamment de captagon, le plus connu dans la région, mais aussi comme le contrebandier n°1 vers la Jordanie. Il est également accusé d’avoir fait travaillé des jeunes hommes de force dans le réseau de contrebande (Voir l’article de Middle East Eye & Agences).

Le trafic du captagon (amphétamine dérivée d’un médicament) étendrait ses tentacules sur tout le Monde Arabe :

© Middle East Eye

Les autorités saoudiennes ont, elles aussi, réalisé un beau coup de filet cette semaine : l’Autorité en charge des impôts et des douanes a intercepté une cargaison de 461 164 comprimés de Captagon au port d’Al-Haditha (Voir l’article d’Arab News). Une prise dont la valeur s’élèverait à 115 millions de dollars !

Interception d’une cargaison de drogue au port d’Al-Haditha. © Zatca

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Arabie Saoudite: Nous l’évoquions il y a quelques semaines, c’est cette fois-ci chose faite : la Syrie a réintégré la Ligue arabe !

Dans la foulée, l’Arabie saoudite qui accueillera le prochain sommet de la Ligue (19 mai 2023), a annoncé la réouverture de son ambassade en Syrie (Voir l’article d’Arab News) et a – au nom du roi Salmane – a convié le président syrien, Bachar al-Assad (Voir l’article d’Arab News) à y participer.

L’ambassade saoudienne à Damas. © AFP

Iran : La République Islamique qu’on a à tort imaginé prête à céder à la rue depuis le décès de la jeune Mahsa Amini, durcit le ton et poursuit sa répression. En 2022, l’Iran a exécuté au moins 582 personnes, contre 333 en 2021, selon les observateurs d’Iran Human Rights. Malheureusement, 2023 semble s’inscrire dans la continuité de ces exécutions : l’ONG a d’ores et déjà dénombré la mise à mort de 203 prisonniers depuis le début de l’année (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Selon le dernier rapport d’Amnesty International, l’Iran est le deuxième plus grand bourreau du monde, derrière la Chine, qui comptabiliserait le triste record de milliers d’exécutions.

Israël: Yaïr Nétanyahou, ça vous dit quelque chose ? Oui, oui, si le nom de famille vous est famillier, c’est normal : Yaïr est le fils de l’actuel premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

Yaïr Nétanyahou invité à la fête de l’indépendance américaine, ambassade des États-Unis (2 juillet 2019). ©  David Azagury, U.S. Embassy Jerusalem, Flickr

Si la presse en parle cette semaine, c’est parce que le jeune est prend de plus en plus de place dans l’espace médiatique, au point que certains le considèrent comme l’étoile montante de la politique israélienne. L’Orient XXI fait les présentations avec ce « militant proclamé du suprémacisme identitaire juif » que dont l’influence pourrait grandir dans les prochaines années… (Voir l’article de Sylvain Cypel)

De mauvais augures pour une région déjà qualifiée de poudrière ! Cette semaine encore, des raids israéliens nommé opération  « Bouclier et flèche » ont tués une vingtaine Palestiniens (Voir l’article de Middle East Eye) dont des membres du Jihad islamique (organisation nationaliste palestinienne et mouvement de libération des territoires occupés) (Voir l’article de Middle East East Eye).

Liban : Un immense complexe émerge progressivement de terre sur les hauteurs d’Aouker (13km au nord de Beyrouth). Les bâtiments, étendus sur une surface de près de 174 000 m², serviront de nouvelle ambassade des États-Unis (Voir l’article de Middle East Eye).

La construction n’a pas manqué de susciter de vives réactions au sein de la population : certains Libanais se demandant l’intérêt d’un projet de cette taille, d’autres déplorant la destruction de la flore de toute une montagne…

Maroc: Une reconnaissance pour les Berbères du Royaume chérifien ! Le roi Mohammed VI a décidé d’instituer le Nouvel An amazigh (Yennayer) comme jour férié officiel payé, répondant ainsi à une demande de longue date de la communauté amazighe (Voir l’article de Middle East Eye & Agences).

Célébration du Nouvel An amazigh, festival Edition Twist (12 janvier 2015, à Tiznit au Maroc). © AFP& Fadel Senna

Le prochain Nouvel An, soit le 13 janvier 2024 (l’an 2974 du calendrier berbère) sera donc un jour férié reconnu, à l’image de ce qui se faisait déjà en Algérie ou en Libye.

Comme une ironie climat, l’annonce de l’officialisation de cette fête d’origine agraire et de célébration de la nature intervient alors que le pays connait l’une de ses pires sécheresses depuis des décennies (Voir l’article de Middle East Eye & Agences).

Un enfant s’accroupit sur la terre fissurée du barrage d’al-Massira (Sud de Casablanca, le 8 août 2022). © AFP & Fadel Senna

Soudan : Des nouvelles de l’affrontement ayant débuté le 15 avril dernier. Actuellement, des pourparlers se tiennent en Arabie saoudite : celles-ci auront pour objectif de consolider le cessez-le-feu précaire entre les deux factions rivales mais aussi l’ouverture de couloirs humanitaires à Khartoum (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Ces couloirs sécurisés permettraient – s’ils étaient mis en place – de venir en aide aux civils coincés dans la capitale. L’agence des Nations unies pour les réfugiés a d’ores et déjà annoncé que 445 millions de dollars seraient nécessaires pour venir en aide aux 860 000 réfugiés qui fuient les combats.

Tunisie: Une fusillade meurtrière a lieu sur l’île touristique de Djerba. Selon les premières informations, un gendarme serait  l’auteur des tirs : ce dernier a d’abord tué l’un des ses collègues avant de se rendre aux abords d’une synagogue où il a ouvert le feu sur les forces de l’ordre assurant la sécurité. Deux personnes supplémentaires ont alors trouvé la mort dans cette fusillade : un Tunisien âgé de 30 ans et un Français de 42 ans (Voir l’article de Middle East Eye & Agences).

Autre actualité tunisienne de la semaine : Human Rights Watch a dénoncé les arrestations, les contraintes et – de facto – le démantèlement du partie d’opposition Ennahdha.

Selon l’ONG, « les autorités devraient immédiatement libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, et mettre fin aux restrictions [quant] aux libertés d’association et de réunion », rappelant qu’en vertu du droit international, « un suspect ne devrait être placé en détention préventive dans l’attente d’un procès que dans des circonstances exceptionnelles, quand le tribunal fournit des motifs convaincants, personnalisés et faisant l’objet de réexamens périodiques et susceptibles d’appels » (Voir l’article de Middle East Eye).

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