LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 5 mai 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Émirats Arabes Unis – Afrique : Comme de nombreux pays, les Émirats Arabes Unis tentent d’étendre leur zone d’influence à l’entrée de la mer rouge, région stratégique pour le commerce maritime international. Port flambant neuf, milices à l’intérieur des terres, … La présence émiratie se fait de plus en plus pressante dans la corne de l’Afrique (Voir l’article de Sébastien Boussois).

Israël – Palestine : Déjà 75 ans d’Israël !  En effet, le 14 mai prochain, l’État hébreux fêtera ses 75 années d’existence :

Or, on le constate, 75 après la Nakba, la situation est loin d’être apaisée entre Israéliens et Palestiniens.

Parmi les dernières provocations en date, deux sujets ont agité la toile cette semaine :

Tout d’abord, le recours de plus en plus fréquent à la reconnaissance faciale par Israël, qu’Amnesty International qualifie d’ « apartheid automatisé ». Le système Wolf Pack est employé par l’armée israélienne pour collecter puis stocker les caractéristiques faciales de chaque Palestinien en Cisjordanie (Voir l’article de Middle East Eye).

Un technicien israélien grimpe sur un poteau pour installer une caméra de surveillance à Ras al-Amud, un quartier palestinien de Jérusalem-Est occupée (24 janvier 2019). © AFP

Cette question de l’ « apartheid » est également évoquée en France : le 4 mai dernier, à  l’Assemblée nationale, une résolution a été débattue en vue de condamner « l’institutionalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale » (Voir l’article d’Alain Gresh). Cette proposition de résolution de la gauche française (Voir l’article de Jean Stern) a suscité protestations, indignation et accusations d’antisémitisme : le terme « apartheid » est jugé comme utilisé « à mauvais escient de termes historiquement chargés et infamants pour décrire l’État d’Israël » selonle président Emmanuel Macron lui-même.

Ensuite, on relèvera les déclarations d’Ursula von der Leyen: lors d’un discours pour le 75e anniversaire de l’État d’Israël, la présidente de la Commission européenne a affirmé que ce dernier avait fait « fleurir le désert » (Voir l’article d’Alex MacDonald).

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Belgique, 24 avril 2023) © AFP

Si cette expression ne vous dit rien, c’est normal, elle est peu utilisée chez nous. En revanche, elle fait partie de la rhétorique habituelle des Israéliens et des partisans d’Israël pour décrire ce qu’ils considèrent comme le succès du pays en matière de développement depuis sa création en 1948.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité Palestinienne a qualifié l’expression de « raciste » et de synonyme d’« effacement » du peuple palestinien :

« L’État de Palestine affirme qu’un tel discours propagandiste déshumanise et efface le peuple palestinien et falsifie sa riche histoire et civilisation. De même, un tel récit perpétue le déni continu et raciste de la Nakba et absout l’occupation illégale et le régime d’apartheid d’Israël »

Liban : Le mois passé, à la fois dans nos dépêches et nos activités, nous évoquions à nouveau la situation du Liban. Le pays est toujours sans président et donc sans leader politique en mesure de mettre en place les réformes réclamées par la population.

Cette semaine, l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban s’est exprimé dans la presse et a lui aussi réaffirmé l’urgence d’élire un nouveau président dès que possible (Voir l’article de Najia Houssari) :

« Nous n’acceptons pas le vide présidentiel actuel qui menace la stabilité et l’unité du peuple libanais. »

L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid al-Boukhari (à droite), et le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea (Liban, 2 mai 2023). © Photo de Twitter, @DrSamirGeagea

Soudan : Le nouveau bilan de l’opposition entre les deux généraux rivaux fait désormais état de 528 morts, de 4 500 blessés et de 500 000 personnes ayant fui les combats (soit, selon l’ONU, 334 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, et 114 000 ayant fui dans des pays voisins) (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

 « Le nombre le plus important a pris la direction de l’Egypte avec près de 42.000 réfugiés, écrit le site ONU Info. Suivent le Tchad avec 30.000 personnes déplacées de force, le Soudan du Sud avec 27.000 réfugiés dont 21.000 Sud-soudanais de retour dans leur pays, l’Ethiopie (9.000), la République centrafricaine (6.000) et la Libye (550). »

Et d’ajouter que l’exode pourrait toucher prochainement plus de 800 000 personnes :

« Ces chiffres sont des projections utilisées pour la planification financière et opérationnelle, renseigne encore ONU Info. Sur ce total, environ 600.000 seraient des réfugiés soudanais, ainsi que des réfugiés accueillis par le Soudan en quête de sécurité. En outre, plus de 200.000 Sud-Soudanais et autres réfugiés accueillis par le Soudan pourraient rentrer chez eux prématurément. » 

Pour venir en aider à cette population déjà fragilisée, un avion transportant huit tonnes d’aide médicale d’urgence est arrivé dans le pays. Cette aide permettra de réapprovisionner les hôpitaux dévastés par plus de deux semaines de combats (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

La guerre « fratricide » que connait actuellement le Soudan, pourrait faire chanceler toute la région de l’Afrique de l’Est :

Syrie: Près de quatre ans après la destruction de la dernière base territoriale de l’État islamique en Syrie, la paix ne semble pas encore régner dans la région… L’EI n’est pas mort et continue de terroriser la population en Syrie et en Irak.

Comme le démontre ce documentaire d’Edith Bouvier, de Christophe Barreyre, de Felix Legrand et de Solin Mohamed Emin, l’EI reste très influent et sème la terreur tant dans les camps de réfugiés que dans les villes en pleine reconstruction :

Syrie – Iran : Nous vous parlons depuis plusieurs semaine de cette « normalisation avec la Syrie » et son président, Bachar Al-Assad :

 Après un réchauffement des relations avec la Ligue Arabe sous l’impulsion de l’Arabie Saoudite, c’est le président iranien Ebrahim Raïssi qui a été reçu pour une visite officielle. Une manière de se rappeler au bon souvenir de son allié syrien :

Turquie : Acteur non-négligeable de la région moyen-orientale, il nous semblait important de revenir sur le prochain rendez-vous électoral du pays. Le 14 mai prochain, la Turquie vivra un scrutin présidentiel et législatif décisif, peut-être le plus serré depuis la fin de la dictature militaire et l’accession au pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan en 2003 (Voir l’article d’Alain Gresh).

Recep Tayyip Erdoğan lors d’un meeting électoral à Ankara (30 avril 2023). © Adem Altam & AFP

Selon de récents sondages, le président turc Recep Tayyip Erdoğan et son principal concurrent, Kemal Kılıçdaroğlu, sont au coude à coude, avec 49,7% pour le premier et 50,3 % pour le second. Cette indécision pourrait laisser présager l’organisation d’un second tour.

Le vote des expatriés, majoritairement pro-Erdoğan lors des élections de 2018, serait alors décisif (Voir l’article de Ragip Soylu) !

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