LA DÉPÊCHE DU CCAPL  –  4 février 2022

Quand l’Afghanistan souffle le chaud et le froid…

L’Afghanistan est le plus grand producteur mondial d’opium. Bien que la production de pavot avait été bannie auparavant, celle-ci est dorénavant bel et bien admise et serait en train de s’intensifier. Il y aurait environ 4 millions d’Afghans, soit presque 10% de la population, qui auraient sombré dans la dépendance aux drogues au cœur de ce pays au bord de l’effondrement économique. Le mouvement Taliban qui dirige le pays compte y remédier les toxicomanes et en leur imposant un sevrage forcé.
(Voir le reportage vidéo de Jennie Shin pour France 24)

Si le sujet vous intéresse, nous vous renvoyons vers un second reportage réalisé par la RTBF. Nous vous vous prévenons néanmoins que certains propos et images peuvent heurter votre sensibilité. Vous pouvez y accéder en vous connectant à la plateforme Auvio ici.

© Pixabay

Toujours en Afghanistan, un rapport de l’Onu accuse les talibans et leurs alliés d’avoir tué une centaine d’Afghans dont des anciens membres de la sphère gouvernementale, des forces de sécurité ainsi que des citoyens. Parmi les points abordés, une sévère restriction des droits humains et plus particulièrement les droits des femmes ainsi que le droit de manifester. Le ministère de l’intérieur rejette ce rapport et a indiqué sur Twitter que « L’Émirat islamique n’a tué personne depuis l’amnistie ».
(Voir l’article d’Agnès Rotivel avec AFP sur LaCroix.com)

Mais l’Afghanistan est aussi un pays de contradictions ! Notons 2 actualités qui illustrent bien cette complexité :

La première est une info relayée par la RTBF (Voir l’article de la RTBF et de l’AP). Elle nous fait découvrir une tradition pour le moins curieuse dans cette société patriarcale qui cantonne les femmes à la sphère privée : la tradition des « Bacha Posh ».

Littéralement « habillé en garçon », cette coutume permet aux familles sans fils de « transformer » une de leurs filles en garçon et ce jusqu’à l’âge de la puberté. Une Basha Posh pourra ainsi jouir des privilèges réservés aux garçons : jouer dehors, faire du sport et même aller à l’école. Témoignages poignant de jeunes filles à qui on a offert – par une voie détournée – la chance d’être libres !

La seconde information est un peu belge. C’est l’histoire de la mésaventure vécue par une journaliste néo-zélandaise enceinte, compagne d’un photographe belge en poste en Afghanistan. La jeune femme a été accueillie par les talibans, faute d’avoir pu retourner dans son pays pour y accoucher en raison de la réglementation anti-covid: « Je me suis sentie trahie » affirme-t-elle, avant d’ajouter « Quand les talibans offrent – à une femme enceinte et célibataire – l’asile, vous savez que vous êtes dans une situation difficile » (Voir l’article de Belga et Le Soir) :

Selon les dernières nouvelles disponibles, Charlotte Bellis a désormais reçu l’autorisation de retourner dans son pays d’origine ! S’il s’agit d’un dénouement heureux, la journaliste a mis en lumière la situation de nombreuses femmes néo-zélandaises toujours empêchées de rentrées chez elles.

Charlotte Bellis et son compagnon Jim Huylebroek. © AP

En vrac dans le monde arabe…

Liban – Israël : Les deux nations ont annoncé être disposées à reprendre des pourparlers indirects au sujet de leur frontière maritime commune. En effet, le litige sur le tracé de celle-ci n’est pas encore réglé. Rappelons que le Liban et Israël sont toujours techniquement en guerre car aucun traité de paix n’a jamais été signé et ce malgré un armistice conclu en 1949. Amos Hochtein, le médiateur américain désigné par le président Joe Biden, se rendra donc prochainement en Israël. Ces négociations seront cruciales pour l’avenir du Liban et ses projets d’exploitation de ressources d’hydrocarbures offshore dans l’espoir d’améliorer la situation de crise économique dont le pays peine à se relever.  (Voir l’article sur France24.com)

 La zone disputée entre le Liban et Israël. © France 24

Israël : Amnesty International dénonce «L’Apartheid commis par Israël à l’encontre des Palestiniens. Un système cruel de domination et un crime contre l’humanité ». Entre saisies de biens, expulsions forcées, tortures, homicides illégaux, etc,… un nouveau rapport vient de voir le jour pour mettre en lumière les lois et pratiques mises en place par les autorités israéliennes. En droit international, un crime d’apartheid est atteint lorsque les critères suivants sont réunis : un système institutionnalisé d’oppression et de domination d’un groupe racial par un autre, un ou plusieurs actes jugés inhumains (transferts forcés, tortures et meurtres dans le cadre d’un système institutionnalisé) ainsi qu’une intention de maintenir la domination d’un groupe racial sur un autre.

Vous trouverez une pétition à la fin de l’article sur amnesty.fr

Des manifestants palestiniens courent se mettre à l’abri après que les forces israéliennes aient envoyé des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation entre la bande de Gaza et Israël. 22 juin 2018. © Mahmud Hams / AFP

D’autres actions de condamnation de la politique de colonisation israélienne et ainsi de soutien au peuple palestinien sont organisées en Belgique : manifestation ce vendredi 4 février mais aussi relai, par l’Association Belgo-Palestinienne, du processus de dépossession à Jérusalem-Est, au Néguev et à Gaza.

Egypte : C’était il y a 11 ans. Onze jours après le départ de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie. Le 25 janvier 2011, plusieurs associations égyptiennes appellent à descendre dans les rues sous le slogan de « Pain, liberté et justice sociale ». Ils demandèrent ensuite la chute du régime de Hosni Moubarak. La date du 25 janvier est symbolique car il s’agit de la fête de la police (hommage aux forces de l’ordre qui avaient tenu tête aux troupes d’occupation britanniques en 1952) bien que la police soit ensuite devenue le symbole de la répression du régime. Retour sur les évènements qui ont provoqué la révolte sur les terres égyptiennes. (Voir l’article d’Orient XXI)

Egypte : Alors quelle Égypte après la révolution ? Selon certains observateurs, l’Egypte d’Al-Sissi pourrait être qualifiée de « république de la peur » : la révolution aurait donné naissance à un régime où activistes et des personnalités politiques d’opposition sont taxés de « terrorisme » et dès lors, emprisonnés pour leurs idées :

De quoi s’interroger sur la volonté de l’Union Européenne de soutenir une candidature conjointe avec l’Egypte, à la présidence d’une agence antiterroriste (Voir l’article de Middle East Eye)…

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (à droite) rencontre le président du Conseil européen Charles Michel au palais présidentiel du Caire, le 12 janvier 2020. © AFP

D’autres alertent sur le fait que les chiffres et statistiques fournis par le régime sont souvent enjolivés ou falsifiés afin de soutenir la politique nationale officielle (Voir l’article de  Stephan Roll et de Salima Batsi) : chiffres de la pauvreté, données sur la santé économique, statistiques de contamination au covid-19, …

Intéressé par l’histoire politique de l’Égypte ? Nous vous conseillons l’article d’Alain Gresh (pour Le monde diplomatique), retraçant le parcours de ce symbole du panarabisme et les dernières lectures à son sujet.

Syrie : La prison d’Hassaké qui avait été prise d’assaut par le groupe État islamique (dont nous vous parlions dans notre précédente dépêche), a finalement été reprise par les forces kurdes.  Il s’agissait du plus important assaut djihadiste connu par le pays en trois ans. Farhad Shami, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), a annoncé la reprise du «contrôle total» de la prison après la reddition de tous les djihadistes. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) confirme ces informations et ajoute que les FDS continuent de ratisser la prison car certains djihadistes pourraient encore y être retranchés. (Voir l’article sur France 24)

Des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) se déploient autour de la prison de Ghwayran dans la ville de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, le 25 janvier 2022. © AFP

Mais aussi …

Le roi Philippe et la reine Mathilde sont actuellement en visite dans la péninsule arabique. La délégation belge est partie ce mercredi pour une mission sous le signe de la transition écologique ; le roi, déjà qualifié de « roi vert », entend bien mettre ce sujet au centre des débats (Voir l’article de 7sur7.be).

Ce voyage emmènera le couple royal au Sultanat d’Oman, avant de prendre la direction des Émirats Arabes Unis :

L’arrivée des souverains et de la délégation belge, à Muscat (Oman) © Facebook Belgische Monarchie – Monarchie belge – Belgian Monarchy

Notons qu’Oman compte d’environ 5 millions d’habitants (2x moins que la Belgique), sur un territoire de 309 500 km² (+- 10x la Belgique). Les enjeux économiques et touristiques poussent néanmoins le pays à entamer une réflexion sur son aménagement du territoire (Voir l’article de Thibaut Klinger).

L’info de dernière minute …

Vous avez peut-être vu cette information fleurir sur vos réseaux sociaux: un jeune garçon de 5 ans bloqué dans un puits d’une trentaine de mètres ! Cette actualité tient le Maroc en haleine et de nombreuses marques de soutient à la famille viennent de la diaspora marocaine à travers le monde.

Les autorités de la province de Chefchaouen (nord du Maroc) sont parvenues à filmer le garçonnet, blessé mais en en vie, et à lui envoyer de l’oxygène et de l’eau (Voir l’article de l’AFP).

Les sauveteurs s’attèlent actuellement à creuser parallèlement au puit. Tout le monde espère aujourd’hui un dénouement heureux pour le petit Rayan et sa famille !





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