LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 19 août 2022

La planète plus si bleue  

En Belgique, en France mais également partout sur la surface du globe, les effets du réchauffement se font pleinement sentir : les étés sont de plus en plus chauds et le Monde Arabe ne fait pas exception à la règle :

« Les pays du Moyen-Orient qui ont dépassé les 50 degrés Celsius sont le Koweït, l’Iran, l’Irak, le Bahreïn, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis», nous informe Hussein Rifai, président de la société australienne SPC Global, conférencier et fervent défenseur de l’environnement. Avant d’ajouter : « Les températures devraient augmenter dans la région d’au moins 4 degrés Celsius d’ici 2050 si les gaz à effet de serre continuaient d’augmenter au rythme actuel

Cela n’est pas sans conséquence : selon un rapport du FMI, cette hausse des températures au Moyen-Orient devrait entrainer sécheresse, inondations ou encore tempêtes de poussière, avec de lourds impacts sur l’économie des pays touchés.

En Tunisie, 90 % des infrastructures touristiques côtières sont menacées par l’érosion due à l’inondation par l’eau de mer.

En Algérie, les feux font à nouveau des ravages et des morts …

En Iran, une grave sécheresse a déclenché des révoltes : la pénurie d’eau avait en effet détruit les moyens de subsistance des agriculteurs.

Dubaï est contrainte de créer de la « fausse pluie » :

Et nous pourrions continuer cette triste liste … Dans tout le monde arabe, les responsables politiques sont désormais confrontés aux conséquences de ces étés de plus en plus chauds sur la santé publique, les infrastructures, la productivité, l’environnement naturel ou encore la demande énergétique. Ils ont désormais conscience de l’importance de réagir et de soutenir un changement de mode de vie. L’espoir viendra peut-être des nombreuses innovations qui sont actuellement en train de fleurir dans la région…

En vrac dans le Monde Arabe…

Egypte : Cette semaine, le pays des pharaons a connu plusieurs incendies. Dimanche, le feu a provoqué la mort de 41 fidèles dans une église du Caire : en pleine messe, l’un des climatiseurs aurait cessé de fonctionné, pris feu et dégagé une énorme quantité de fumée. La gestion du drame est aujourd’hui fortement critiquée par les habitants du quartier (Voir l’article de l’AFP) :

 « Les voisins se sont organisés pour aller chercher les enfants. Ceux qui revenaient ne pouvaient plus y retourner car l’incendie était trop important » déclare l’un d’entre eux.

« Les ambulances sont arrivées après plus d’une heure […] les camions de pompiers aussi alors que la caserne se trouve à moins de cinq minutes », dénonce un autre habitant.

L’église Abou Sifine, après avoir été frappée par l’incendie le 14 aout 2022. © AFP & Khaled Desouki

Mardi, c’est une autre église de la région qui prenait feu à cause d’un court-circuit. Par chance, le dénouement était cette fois plus heureux : une seule personne a été prise en charge pour asphyxie.

Les ambulances sont arrivées sur les lieux de l’incendie six minutes après que l’alerte ait été donnée, et y sont restées lieux jusqu’à ce que la zone ait été jugée sûre (Voire l’article de Gobran Mohamed).

Pour clore cette rubrique sur l’Égypte, revenons sur une information traitée dans la dépêche du 5 août. Nous y évoquions la disparition d’un ressortissant français, Yann Bourdon, et de combat de sa famille afin de le retrouver. Middle East Eye publie cette semaine des nouvelles à son sujet (Voir l’article de Pauline Ertel) : selon une association de défense des droits de l’homme, Yann Bourdon est « réapparu » en Égypte un an après sa disparition pendant les vacances d’été. L’étudiant français se serait  « présenté la semaine dernière au consulat de France au Caire » ; depuis, il est de retour en France mais ne souhaite pas s’exprimer sur ce qui lui est arrivé… Voilà qui est pour le moins mystérieux !

France : Aux pays des Lumières, c’est islamophobie qui fait encore et toujours débat. Après les polémiques sur l’islamo-gauchisme, le burkini ou encore la barbe comme signe de radicalisation. Voici une lettre ouverte à l’attention du Président de la République, Emmanuel Macron, écrite et signée par de nombreux universitaires spécialisés en études islamiques, études françaises et francophones, études religieuses, histoire, sociologie, anthropologie, sciences politiques… dénonçant l’institutionnalisation de l’islamophobie.  

Liban : Un avion à destination de Beyrouth a créé la panique en Grèce ! Mercredi 10 août, les autorités grecques ont reçu un « Code Renegade », à savoir l’absence de réponse d’un appareil ; celui-ci transporte 145 passagers qui avaient quitté Madrid en direction de Beyrouth (Voir l’article d’Edna Mohamed).

Le « Code Renegade » est un signal de détresse généralement utilisé pour indiquer qu’un avion a été détourné. Les autorités grecques ont donc pris la menace très au sérieux puisque, en l’absence de communication radio avec le pilote et son équipage, elles ont déployé des chasseurs F-16 pour approcher puis intercepter si besoin l’appareil non réactif.

Plus de peur que de mal : ceux-ci ont  réussi à rétablir le contact avec le pilote et ont constaté qu’il n’y avait pas de problème. Selon les dernières informations, le pilote Abed al-Hout (le fils du président du conseil d’administration de la compagnie Middle East Airlines, Mohammed al-Hout) aurait oublié de régler les instruments sur la bonne fréquence et donc raté les appels des autorités grecques…

Maroc : On a tous déjà reçu ce type de coups de fil publicitaires ou d’un service clients situé à l’autre bout du monde. Certains de ces centres d’appels sont situé au Maroc et les employé·es qui y travaillent sont muselés par des multinationales qui tentent de faire taire leurs revendications syndicales.

Employé·es d’un centre d’appel à Casablanca. © Fadel Senna & AFP

Leur allié ? Un Code pénal hérité de la colonisation française. L’autorité française voulait alors empêcher les travailleurs marocains d’organiser des grèves. Or, l’État marocain a adopté ce Code pénal à son indépendance : tout le code pénal, y compris l’article 288… Découvrez l’enquête de l’Orient XXI et de  Jana Treffler !

Palestine: En colère contre le médiateur ? C’est ce que révèle Middle East Eye : Djihad Islamique Palestinien nourrit une « colère considérable » envers les services de renseignement égyptiens au sujet du rôle de leur pays dans les heures qui ont précédé le bombardement israélien, début août dernier :

« Il y a beaucoup de colère et de tension au sein du Jihad islamique à cause du rôle de [la] médiation égyptienne, car [ses membres] considèrent que les Égyptiens leur ont donné des informations et des indices trompeurs juste avant les frappes aériennes. En raison de ces informations, le Jihad islamique se sentait détendu et n’était pas préparé aux frappes aériennes. »

Des combattants du Jihad islamique palestinien défilent armés dans les rues de la ville de Gaza lors d’un rassemblement le 29 mai 2021. © AFP

Quatre heures avant le début des frappes sur la bande de Gaza, des médiateurs égyptiens aurait affirmé à leurs interlocuteurs palestiniens qu’Israël ne cherchait pas une escalade et répondrait « positivement » à une demande de libération de deux membres de l’organisation (Voir l’article de David Hearst) …

Pour en apprendre plus sur la Palestine et son histoire, n’hésitez pas à consulter la nouvelle encyclopédie mise en ligne par l’Institute for Palestine Studies et le Palestinian Museum de Birzeit (Voir l’article de  Françoise Feugas).

USA / Moyen-Orient : Une nouvelle étude, du nom de Introducing the Military Intervention Project: A New Dataset on US Military Interventions, 1776–2019, revient sur les diverses interventions américaines depuis la fin de la guerre froide.

© AFP

Celle-ci précise que, depuis leur création en 1976, les États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires dont plus d’un quart d’entre elles ont eu lieu dans la période suivant la guerre froide. On note encore une accélération durant l’ère post 11 septembre 2001 a engendré des « niveaux d’hostilité plus élevés » et que les aventures militaires américaines « se sont fortement banalisées ».

L’étude révèle également qu’un quart de ces interventions a eu lieu au Moyen-Orient (Voir l’article d’Elis Gjevori).

Yémen : Les médias, même arabes, offrent peu de nouvelles informations sur le Yémen. Le pays donne l’impression d’une situation qui s’enlise et qui est difficile à appréhender depuis l’occident. Nos politiques – comme nos médias d’ailleurs – évoquent très peu ce conflit, rendant presque impossible sa compréhension par nos concitoyens. François Burgat, chercheur émérite au CNRS, s’interroge sur les raisons de ce désintérêt et nous donne ses pistes d’explications (Voir l’article de la RTBF).

Les actus du CCAPL

Voici en avant-première les prochaines activités du Centre Culturel Arabe en Pays de Liège:

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