LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 14 avril 2023

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient

Arabie Saoudite – Chine – Iran : Depuis l’annonce d’un rapprochement le 10 mars dernier, l’Arabie Saoudite et l’Iran poursuivent leur rapprochement sous l’égide diplomatique de la Chine. Comme nous l’évoquions la semaine dernière, ce changement de relations bouleverse les équilibres géopolitiques et met en concurrence les deux superpuissances américaine et chinoise (Voir l’article de Fatiha Dazi-Héni).

De gauche à droite, les ministres des affaires étrangères iranien, chinois et saoudien, Hossein Amir Abdollahian, Qin Gang et Faiçal Ben Farhan (Pékin, 6 avril 2023). © HO STR & Saudi Press Agency & AFP

Nouveau signe de cette normalisation: la réouverture officielle de l’ambassade iranienne Riyad.

« Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite sur la reprise des activités diplomatiques (…), la délégation technique iranienne est arrivée à Riyad mercredi à midi et a été accueillie par des responsables saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani.

L’ambassade iranienne dans le quartier diplomatique de la capitale saoudienne (Riyad, 11 avril 2023). © AFP

Arabie Saoudite : Acteur de cette mutation dans le pays, la figure du prince héritier Mohammed ben Salmane dit « MBS » suscite encore de nombreuses interrogations et zones d’ombre. ARTE revient sur la dualité qui semble le qualifier :

Iran: Depuis le mois de septembre et le triste décès de Mahsa Amini pour un voile mal porté, de plus en plus de femmes iraniennes décident de se découvrir la tête. Cet acte est considéré comme un signe de rébellion par le Régime qui entend bien réagir en conséquence !

Pour ce faire, les autorités ont décidé d’installer des caméras dans les lieux publics pour surveiller les femmes qui enlèvent le hijab : la police a déclaré qu’un « SMS d’avertissement quant aux conséquences » serait envoyé à toutes celles qui enfreindraient les règles vestimentaires (Voir l’article de Middle East Eye & Agences).

Israël – Palestine: Assiste-t-on à un tournant, à une escalade dans la région ? Bien que les différentes parties prenantes se défendent de vouloir la guerre, on constate une recrudescence de la violence.

Ainsi, suite aux événements survenus sur l’esplanade des Mosquées, l’État hébreux a été contraint d’agir et d’interdire l’accès à l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à tous visiteurs non musulmans et ce pour toute la durée du mois de ramadan (Voir l’article de Mohammed Najib).

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est engagé à « restaurer la sécurité » dans son pays en agissant « sur tous les fronts », avant d’ajouter « Nous ne permettrons pas au Hamas terroriste de s’établir au Liban ».

Tâche qui s’avère compliquée au regard du fossé toujours plus grand séparant Israéliens et Palestiniens. Nous en tenons pour exemple les membres eux-mêmes du gouvernement Nétanyahou : certains ministres extrémistes ont pris la tête d’une marche rassemblant des milliers de colons en direction d’un avant-poste illégal (même en vertu de la loi israélienne) installé en Cisjordanie (Voir l’article de Mohammed Najib).

Des colons israéliens se rassemblent devant l’avant-poste d’Avitar (10 avril 2023). © Reuters

Liban : Cette semaine, le Pays du Cèdre fêtait un anniversaire peu connu. En effet, le 10 avril 1973 a lieu ce qu’on appellera le « Printemps de la jeunesse » : il correspond à une opération israélienne en plein cœur de Beyrouth.

Il y a presque 50 ans jour pour jour, un commando israélien dirigé par un homme déguisé en femme s’infiltrait dans un quartier huppé de Beyrouth et abattait trois hauts responsables de l’Organisation de libération de la Palestine chez eux, dans leurs appartements. Cet homme, c’est Ehud Barak devenu ensuite le plus haut commandant de l’armée israélienne et Premier ministre dès 1999 (Voir l’article de LeMondeArabe.fr). Ceci annonçait la guerre civile toute proche et les tensions qui persistent encore aujourd’hui !

Si la question libanaise vous intéresse, n’hésitez pas à venir nous rejoindre ce samedi 15 avril. Nous avons le plaisir de recevoir le Dr. Jawad Chahine pour évoquer la situation actuelle du Liban ainsi que le système « confessionnaliste » qui y est en vigueur :

Nous ne manquerons pas de revenir sur la crise financière et alimentaire qui touche le pays et contraint les Libanais à puiser dans leurs ressources :

Syrie : À plusieurs reprises nous vous avons retransmis la silencieuse « normalisation » des États arabes avec la Syrie de Bachar Al-Assad. Cette semaine, l’Arabie saoudite et la Syrie ont publié une déclaration commune détaillant leurs efforts pour renforcer la coopération et parvenir à une solution politique à la crise syrienne.

Le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, accueille son homologue syrien Faisal al-Mekdad. © SPA

Au cours d’une réunion s’étant tenue à Djeddah, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont convenu d’efforts conjoints pour parvenir à une solution politique qui préserverait l’unité, la sécurité, la stabilité et l’intégrité territoriale de la Syrie (Voir l’article de Lama Alhamawi). To be continued…

Tunisie : Outre la crise politique que connaissent ses institutions, le pays fait face à une crise économique. Depuis 2011, l’État tunisien est entraîné dans une spirale d’endettement qu’il ne parvient plus à enrayer : la dette publique atteint désormais 90 % du PIB (Voir l’article de Thierry Brésillon).

Les rayons vides d’un supermarché à Tunis, après une vague de pénuries sur les produits de première nécessité (le 12 janvier 2023). © AFP & Fethi Belaïd

Or, si la communauté internationale est prête à maintenir ses aides au pays, elle impose une seule condition : conclure un accord avec le FMI. Président d’un pays au bord du défaut de paiement, Kais Saied, tente désormais de renégocier les termes de l’accord avec le FMI ; FMI qui quant à lui conditionne son aide à un engagement formel du chef de l’État à mettre en œuvre des réformes destinées à améliorer structurellement les finances publiques.

Un défi qui s’annonce difficile dans un pays déjà sous tension :

Yémen: Les changements diplomatiques entre les deux anciens ennemis, l’Iran et l’Arabie Saoudite, pourraient avoir des conséquences positives pour le Yémen.

Grâce à la médiation d’Oman cette fois, plusieurs négociations concrètes ont été menées cette semaine (Voir l’article de Middle East Eye & Agences). Des médiateurs omanais sont ainsi arrivés à Sanaa pour discuter avec les Houthis. L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen a quant à lui déclaré que les pourparlers visaient à rétablir le cessez-le-feu (Voir l’article d’Arabe News).

En signe de bonne volonté, un échange de prisonniers a été planifié. Les parties belligérantes du Yémen et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont achevé les préparatifs pour une opération d’échange de prisonniers cette semaine.

Pour rappel, le gouvernement yéménite et les Houthis étaient parvenus le mois dernier à un accord, sous l’égide des Nations unies, pour échanger plus de 800 prisonniers (Voir l’article de Saeed Al-Batati).

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