LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 7 avril 2023

Nouvelle dynamique au Moyen-Orient ?

Cela fait plusieurs semaines que nous évoquons les changements de politique qui ont cours au Moyen-Orient. Qu’il s’agisse du rapprochement entre les anciens ennemis, l’Iran et l’Arabie Saoudite, l’éloignement des anciens alliés, les États-Unis et le Royaume saoudien ou encore une influence de plus en plus présente de la Chine dans la région.

On sent que l’équilibre du pouvoir est en train de changer. Est-ce révélateur de l’instauration d’une nouvelle dynamique au Moyen-Orient ?

Dans un récent article, le professeur en science politique Kamal Bayramzadeh revenait sur les conséquences de l’affaiblissement de l’hégémonie américaine sur cette partie du globe. Selon lui, ce recul diplomatique a créé les conditions propices à la montée en puissance de la Chine, désireux de développer son projet de « Nouvelles routes de la soie ».

Dans ce contexte, la coopération sino-iranienne et le rapprochement avec l’Arabie Saoudite (sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS ») est vue d’un très mauvais œil Outre-atlantique, qui soupçonne la Chine de tenter d’instaurer un nouvel ordre mondial !

Les articles de cette semaine vont en effet dans le sens d’une poursuite du glissement « extrême-oriental ».

Tout d’abord, lorsque la société Saudi Aramco annonce un prochain investissement de plusieurs milliards dans la pétrochimie chinoise (Voir l’article de LeMondeArabe.fr). Le géant pétrolier saoudien a également indiqué son intention de construire une nouvelle raffinerie et un complexe pétrochimique dans le nord-est de la Chine dans le cadre d’une coentreprise.

Dans le même temps, l’OPEP+ a averti de sa volonté de procéder à de nouveaux « ajustements volontaires » de production, soit des réductions de production supplémentaires (Voir l’article d’Arab News). Ces réductions pourraient faire monter les prix du pétrole à 100 dollars le baril. L’Irak, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït avaient annoncé cette mesure dès le dimanche 2 avril (Voir l’article de Le Monde & AFP).

Pour rappel, en novembre 2022, l’OPEP+ avait déjà réduit sa production de 2 millions de barils/jour ; depuis, le volume total des réductions par les pays de l’OPEP+ se monte à 3,66 millions de barils/jour, soit 3,7% de la demande mondiale. Et ce, « sans se soucier des critiques des Etats-Unis et autres pays consommateurs, inquiets de l’inflation galopante ».

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…

Israël – Palestine : Véritable poudrière à Jérusalem ! Cette semaine, un des lieux les plus saints de la ville – le mont du temple ou l’esplanade des Mosquées, en fonction du point de vue que l’on adopte (Voir l’article de  Pierre Prier)  – a été le témoin de violences :

Depuis, la tension ne fait que grimper dans la région. Mercredi matin, au lendemain des échauffourées à Jérusalem Est, des avions de guerre israéliens ont ainsi bombardé des sites militaires du Hamas et du Djihad islamique dans la bande de Gaza et à la frontière libanaise (Voir l’article de l’AFP), en réponse à des tirs de roquette sur des villes israéliennes (Voir l’article de Hazem Balousha).

À travers ces diverses provocations, on note malheureusement une radicalisation des lignes politiques israéliennes. La figure d’Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale, en est un bien triste exemple : celui-ci a dernièrement mis en place un projet de réforme induisant la création d’une garde nationale. Il est également sur le devant de la scène médiatique suite à la divulgation de propos tenus avec le patron de la police Kobi Shabtai (Voir l’article de Middle East Eye):

« Un meurtre après l’autre. Cela a franchi toutes les lignes. Nous avons besoin d’une garde nationale forte », déclare Ben-Gvir lors d’une réunion privée enregistrée.

Le patron de la police lui répond alors : « Monsieur le Ministre, il n’y a rien à faire. Ils s’entretuent. C’est leur nature. C’est la mentalité des Arabes ».

Ces opinions de moins en moins minoritaires dans le pays posent la question de la radicalisation de l’État hébreux :

L’Orient XXI publie d’ailleurs une enquête sur le « fascisme juif » dont Smotrich ou Zemmour seraient les derniers représentants en date… (Voir l’article de Rachel Jacques)

Iran – Arabie Saoudite: Dans le  prolongement de leur politique de réconciliation, les ministres des affaires étrangères des deux pays se sont rencontrés cette semaine … en Chine ! Il s’agit de la première réunion officielle de ce niveau depuis plus de sept ans (Voir l’article d’Arab News) :

Soudan: Un nouveau rapport de la commission d’enquête des Nations unies ainsi qu’une note du Conseil des droits de l’Homme, rapporte la situation inquiétante du pays : selon eux, la violence est omniprésente au Soudan du Sud, tout comme les violations récurrentes des droits humains (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

On y apprend également que, sur l’année 2022, les attaques généralisées contre les civils, y compris les meurtres, les viols, les cas d’esclavage sexuel ou d’autres formes de violence sexuelle, ont été nombreux.

D’après ces rapports, les violences ne cesseront pas sans une véritable lutte contre l’impunité : il est impensable que les auteurs des crimes les plus graves – parfois au sein même de l’État – restent en poste et ne soient pas inquiétés !

Syrie : On parle désormais de « normalisation avec la Syrie » et surtout avec la figure très controversée de son président, Bachar Al-Assad. Ces dernières semaines, plusieurs pays arabes ont manifesté leur volonté de renouer des liens avec Damas et de réintégrer le pays à la Ligue Arabe.

C’était le cas des Émirats Arabes Unis ou encore de l’Arabie Saoudite, c’est également l’ambition du royaume de Jordanie (Voir l’article de Mohammad Ersan). Le pays aimerait réduire progressivement les sanctions imposées à son voisin afin de commencer à travailler à la reconstruction et au retour des réfugiés. C’est dans ce sens que le président Bachar Al-Assad a rencontré le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi :

Le président syrien Bachar al-Assad rencontre le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi (15 février, Damas). © AP

Mais aussi…

France : L’Institut national de la statistique français (INSEE) vient de publier une nouvelle étude sur la composition de la population de l’hexagone. Cette analyse démographique démontre qu’un tiers de la population française a un lien avec l’immigration (Voir l’article de l’AFP).

Dans le détail, les statistiques nous apprennent que les immigrés (définis comme « nées étrangères à l’étranger ») représentent désormais 10 % de la population, soit presque deux fois plus qu’en 1968 (6,5 %).

L’étude démontre également que lien avec l’immigration se dilue au fil du temps : parmi les descendants d’immigrés, ceux de la deuxième génération sont plus de 50 % à n’avoir qu’un seul parent immigré. Avec 11 % de la population descendante de « deuxième génération » (7,3 millions sur 67,6 millions de personnes) et 10 % de la population âgée de moins de 60 ans qui est un petit-enfant d’immigré, il y a selon l’INSEE une « diffusion dans la société » par « une mixité très importante en France ».

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