LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 4 août 2023

Entre crise migratoire et crise humanitaire

Au début du mois de juillet, la Tunisie avait été le témoin de violence à l’égard des immigrés subsahariens qui se trouvaient sur son territoire. Massés dans la ville côtière de Sfax, ces derniers cherchaient à passer en Europe.

Les autorités tunisiennes sont de plus en plus réfractaires à ces populations « d’immigrés illégaux », encouragées par des négociations avec l’Union européenne. En effet, l’Union est désireuse de renforcer l’imperméabilité de ses frontières sud et pour ce faire, d’accorder un budget conséquent à la Tunisie.

La « sous-traitance » du contrôle des frontières européennes se fait malheureusement au détriment du traitement réservé à ces populations subsahariennes (Voir l’édito d’Alexandra Schwartzbrod pour Libération).

La Tunisie a pris l’initiative de les expulser de son territoire en les embarquant (parfois de force), les conduisant à ses frontières avec l’Algérie ou la Libye (Voir l’article de l’AFP) :

L’ONU a dénoncé le traitement inhumain réservé à ces individus abandonnés et contraints à une marche de la mort en plein désert (Voir l’article de l’AFP) : 

« Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie. », a tonné Farhan Haq, porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

Et d’ajouter : « Plusieurs sont morts à la frontière avec la Libye et des centaines, dont des femmes enceintes et des enfants demeurent, selon des informations, coincés dans des conditions extrêmement difficiles avec peu d’accès à de l’eau et de la nourriture. »

Des gardes-frontière libyens donnent de l’eau à des migrants assoiffés (30 juillet, près d’Al-Assah, à la frontière entre Libye et Tunisie). © AFP

L’Europe pourrait sortir de cette tragédie avec du sang sur les mains pour avoir tu – sinon encouragé – la discrimination et le racisme dans les pays du Maghreb (Voir l’article d’Ali Boukhlef).

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Algérie : Si nous essuyons des pluies abondantes en Belgique, il est important de se rappeler que le réchauffement climatique est loin d’arrêter sa course dans d’autres régions du monde.

L’Algérie par exemple n’a – cette année encore – pas été épargnée par les feux de forêt :

Sous l’effet des vents et de la canicule, de violents incendies se sont propagés; au total, le pays a enregistré 97 incendies dans seize wilayas (préfectures) dont les plus touchés sont Béjaïa, Bouira et Jijel (Kabylie). Un bilan fait état d’au moins 34 morts et de plusieurs blessés (Voir l’article de Middle East Eye).

Émirats Arabes Unis : Après la Chine, c’est le Japon qui amorce un rapprochement avec les Pays du Golfe. Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, s’est rendu aux Émirats arabes unis, dans le cadre d’une tournée des États arabes du Golfe. Ces visites seront axées sur l’énergie et le commerce.

Questions importantes lorsque l’on sait que le Japon est le cinquième plus grand consommateur de pétrole au monde et qu’il importe plus de 75 % de son pétrole brut d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Liban : Cette semaine, des violences ont été observées dans le camp palestinien d’Ain al-Hilweh, au sud du Liban. Ces affrontements opposent les membres du Fatah à des groupes proches des mouvements islamistes les plus extrêmes.

Neuf personnes seraient mortes et plus d’une quarantaine de personnes ont été blessées. Les Deux cents familles auraient également fui leur maison pour échapper aux combats (Voir l’article de Middle East Eye).  

Syrie : 6 mois après le tremblement de terre ayant gravement touché la Turquie et la Syrie, un système de secours utilisé par le réseau d’intervention d’urgence de l’ONU est inutilisable en Syrie et en Iran.

Non pas à cause d’une panne ou d’un dysfonctionnement mais bien en raison de sanctions politiques américaines prises à l’encontre de ces pays.

Une équipe de secours émiratie à Jableh, dans la province syrienne de Lattaquié, le 12 février 2023. © AFP

Le système de recherche et de sauvetage INSARAG reprend un réseau mondial d’équipes de secours en milieu urbain, qui se déploient généralement dans les zones sinistrées dans les heures qui suivent une catastrophe (Voir l’article de Simon Hooper). Or, aujourd’hui, la société technologique américaine qui fournit le logiciel entend se plier aux sanctions imposées par son pays et ce, malgré le danger que cela pourrait entrainer en cas de catastrophe !

Selon Amir Rashidi, un chercheur iranien en sécurité sur internet et droits numériques :

« Le problème avec les sanctions auxquelles nous sommes confrontés depuis longtemps est la surconformité des entreprises technologiques. Celles-ci craignent d’être inculpées ou de se voir infligé des amendes. »

Tunisie : Les choses bougent à nouveau dans la politique tunisienne. Après un accord avec l’Union Européenne et des discussions avec le FMI pour renflouer la dette du pays (Voir l’article de l’AFP), le président Kais Saied a pris la décision de démettre Najla Bouden de ses fonctions de Première ministre pour la remplacer par Ahmed Hachani.

Le président tunisien Kais Saied présidant le Conseil de sécurité nationale (30 mars 2022, Palais de Carthage. © AFP

Aucune explication officielle n’a été donnée sur ce changement de poste. Plusieurs médias locaux font cependant référence à un mécontentement du président Saied face à un certain nombre de pénuries dans le pays, en particulier de pain dans les boulangeries subventionnées par l’Etat (Voir l’article de l’AFP).

Yémen : La guerre au Yémen vient de nous prouver une fois encore qu’elle pouvait avoir des conséquences inattendues et ce, bien au-delà de la région du Golfe.

Un pétrolier yéménite, laissé sans entretien depuis le début du conflit, menace aujourd’hui de laisser échapper l’énorme quantité d’hydrocarbure qu’il contient (environ 1,14 million de barils). La conséquence pourrait être la cinquième plus grande marée noire de notre histoire ! (Voir l’article de LeMondeArabe.fr)

Pour éviter un nettoyage qui pourrait coûter environ 20 milliards de dollars – sans parler des conséquences irréversibles sur la faune et la flore marines et côtières –, l’ONU a débloqué des dizaines de millions de dollars pour lancer une opération de sécurisation et de vidange du pétrolier en difficulté :

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