LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 14 janvier 2022

Des coups de poing plutôt que des mots !

Cette semaine, deux faits similaires ont attiré notre attention : des hommes politiques qui – au sein même de l’hémicycle de leur pays – en venaient aux mains pour régler leurs différents !

La première confrontation a eu lieu en Jordanie. Les députés étaient sur le point de voter un amendement à la constitution afin de la rendre plus inclusive, en ajoutant le mot « Jordaniennes ». Cette reformulation qui cite spécifiquement les femmes, a alors braqué les plus conservateurs qui ont crié au scandale, affirmant qu’il s’agissait d’une mise en péril de l’identité du pays (Voir l’article de Mohammad Ersan) ! Il n’en fallait pas moins pour échauffer les esprits …

Une preuve – s’il en fallait une – que la question du statut de la femme est loin d’être réglée (Voir l’article de Mostafa Chebbak) !

La deuxième opposition nous vient d’Irak. La session inaugurale du nouveau Parlement irakien est loin de s’être déroulée paisiblement. Selon plusieurs sources parlementaires, le ton serait monté entre le Cadre de coordination et leurs rivaux du courant sadriste. Le député Mahmoud Al-Machhadani aurait été hospitalisé suite aux altercations ayant éclaté durant la séance bien qu’aucune source officielle n’affirme que l’état du député soit directement lié aux faits ni l’identité des responsables. (Voir l’article sur LeMonde.fr)

En vrac dans le monde arabe …

Algérie: Fethi Ghares, porte-parole du Mouvement Démocratique et Social (formation de gauche laïque agréée par l’Etat), vient d’être condamné à deux ans de prison notamment pour « atteinte à la personne du président de la République » et « diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’ordre public ». Cette décision marque une nouvelle étape dans la répression en Algérie selon les opposants. (Voir l’article sur LeMonde.fr)

Fethi Ghares, coordinateur national du Mouvement Démocratique et Social
Source: © DR

Arabie Saoudite : Une princesse qui n’aura plus l’étiquette de prisonnière. L’organisation ALQST (spécialisée en droits de l’homme en Arabie saoudite) a déclaré sur Twitter que “Basma bent Saoud et sa fille Sohoud, détenues depuis mars 2019, ont été libérées”. La princesse de 57 ans, connue pour ses prises de position en faveur de réformes ainsi que pour la dénonciation des abus en Arabie saoudite, séjournait dans la prison d’Al-Hair (lieu connu pour ses nombreux prisonniers politiques). (Voir l’article sur Ouest-France.fr)

Iran :  Le poète et réalisateur iranien Baktash Abtin a poussé son ultime souffle le 8 janvier suite à une admission tardive dans un hôpital de Téhéran. Il avait été condamné à une peine de six ans d’emprisonnement en septembre 2020 notamment pour cause de « propagande contre la République islamique ». Il résidait depuis lors dans la tristement célèbre prison d’Evin dans laquelle il a contracté le Covid-19 ayant entraîné son décès. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la responsabilité des autorités iraniennes… (Voir l’article de Ghazal Golshiri sur LeMonde.fr)

L’écrivain iranien Baktash Abdin, sur une photo non datée postée sur le compte Twitter de Reporters sans frontières
Source: RSF (TWITTER)

Israël : Fin décembre, nous avions évoqué la reprise des pourparlers autour du nucléaire iranien ; les différents partis à la table mentionnaient alors des avancées. Le Premier ministre israélien ne prenant pas part à ces négociations, a déclaré aujourd’hui que son pays ne serait dès lors pas tenu de respecter un éventuel accord avec l’Iran et qu’il continuerait de se considérer libre d’agir «sans contrainte» contre son ennemi juré si nécessaire (Voir l’article de Reuters sur Arab News). Une phrase cinglante qui ne laisse rien présager de bon …

Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, lors d’une conférence de presse, le 2 janvier 2022. Source : Reuters

Pour en savoir plus sur les relations israélo-iraniennes, plongez-vous dans la mise au point de l’Orient XXI (Voir l’article de Amin El Ouazizi) !

Liban : Le pays entier a été plongé dans l’obscurité samedi soir suite à la prise d’assaut d’une centrale électrique principale dans la région d’Aramoun, située à 22km de Beyrouth, par des manifestants. Parmi leurs revendications, une distribution de l’électricité qu’ils jugent inéquitable car certaines régions seraient, selon eux, favorisées en fonction de leur soutien ou de leur opposition au mouvement du Courant Patriotique Libre. (Voir l’article de Najia Houssari pour Arabnews.fr)

Le siège d’Électricité du Liban à Beyrouth, le 3 avril 2021
Source :  Anwar Amro & Archives AFP

Cette coupure de courant généralisée survenue n’est qu’une preuve de plus de la situation catastrophique dans laquelle s’enfonce le Liban. Aujourd’hui, on s’aperçoit que le désespoir au sein de la population est tel que certains prennent la mer pour aller chercher un avenir meilleur par delà la Méditerranée (Voir l’article de l’AFP) ! Entre janvier et novembre 2021, au moins 1.570 personnes dont 186 Libanais ont pris la mer clandestinement ou tenté de la prendre à partir du Liban…

Emirats Arabes Unis: En novembre 2020, les Émirats Arabes Unis ont dépénalisé les relations sexuelles avant et donc hors mariage, dans le cadre d’une expansion des libertés individuelles. Mais, un an après, on constate que cette réforme ne tient pas ses promesses.

Par le passé, ces femmes non mariées étaient enfermées dans une cellule de prison ; aujourd’hui, elles sont certes libres mais seules face aux démarches administratives et surtout sans statut officiel, incapables d’obtenir des certificats de naissance pour leurs bébés « nés dans l’ombre » (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Source : pexels

Egypte : Au pays de la danse orientale, une vidéo détruit la vie d’une femme et relance le débat…

Les faits : au cours d’une sortie de loisirs sur le Nil, des collègues enseignants – des femmes et des hommes – dansent et une vidéo est tournée, puis partagée sur les réseaux sociaux. Si cela vous semble anodin, sachez que cet évènement anecdotique a détruit la vie d’une des enseignantes (Voir l’article de l’AFP) !

La vidéo filmée à son insu par un des participants puis postée sur les réseaux sociaux
Source : capture d’écran, Middle East Eye

En effet, Aya Youssef, professeur d’arabe depuis trois ans dans une école primaire de Mansoura, au nord du Caire, s’est rapidement vu insultée et menacée par des commentaires haineux, qualifiant la scène de « vulgaire » ! Et c’est là que tout a dérapé : son mari et père de ses trois enfants demande et obtient le divorce, le ministère de l’Éducation renvoi la jeune femme et ses cinq collègues devant un conseil de discipline, …

Même si des militants, des artistes et des avocats soutiennent l’enseignante, il semblerait que ce « fait divers » ne soit qu’une manifestation de plus de la vision négative dont souffre la danse dans la société égyptienne depuis les années 1970 … (Voir le documentaire d’ARTE)

Soudan : Depuis la démission du Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, les troubles se sont intensifiés. Les Nations unies (ONU) ont dès lors programmé des consultations dans le but de relancer un dialogue apaisé entre militaires et mouvement pro-démocratique. Une nouvelle tentative pour sortir de l’impasse politique … Sera-t-elle la bonne ? (Voir l’article de LeMondeArabe.fr)

Tunisie : En Tunisie, la colère de la rue gronde au sujet d’un changement de date…

Ce qui a mis le feu aux poudres ? La décision du président Kais Saied de modifier la date anniversaire de la révolution et d’avancer les commémorations au 17 décembre (Voir l’article de Ahlem Mimouna) :

« Le 17 décembre est le jour de la fête de la révolution et pas le 14 janvier, comme cela avait été annoncé en 2011, car c’est à Sidi Bouzid qu’a eu lieu le déclenchement de la révolution. »

Cependant, de nombreux Tunisiens sont en désaccord avec cette décision et ont confirmé leur volonté de descendre dans la rue ce vendredi 14 janvier, comme initialement prévu :

« Kais Saied veut effacer l’histoire ! »

Yémen : Les combats continuent dans la région ! Dans la province méridionale de Shabwa, les forces gouvernementales frappent lourdement avec l’aide de la coalition dirigée par le voisin saoudien. Les rebelles ont, quant à eux, intensifié leurs attaques transfrontalières, utilisant des missiles balistiques et des drones chargés d’explosifs pour cibler directement l’Arabie Saoudite (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Suite à la reconquête de la province clé de Shabwa, les troupes du gouvernement yéménite sont entrées dans des zones contrôlées par les Houthis au sud de la ville stratégique de Marib. Cette victoire encourage la coalition dans son projet de « libération » du pays tout entier (Voir l’article de Saeed Al-Batati).



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *