LA DÉPÊCHE DU CCAPL  – 21 octobre 2022

Le régime iranien, l’ennemi à abattre…

Depuis un mois, la contestation gronde en Iran. Suite à la mort de la jeune Mahsa Amini, le peuple iranien – femmes et hommes – est bien décidé à se battre pour sa liberté et pour une évolution des mœurs.

À tous les niveaux, le régime iranien est menacé … Alors est-ce une révolte ou une révolution ?

À l’extérieur des frontières, la communauté internationale condamne fermement la situation dans le pays. L’Union Européenne a même décidé de prendre des sanctions contre la police des mœurs, que les manifestants tiennent pour responsable de la mort de la jeune Mahsa. Onze responsables iraniens – tout comme d’autres organisations proches du pouvoir – feront également l’objet d’une interdiction de visa et d’un gel des avoirs de la part de l’UE.

Bon nombre d’actrices se sont également joint au mouvement en se filmant en train de se couper des mèches de cheveux. À l’image des Iraniennes de la diaspora, plusieurs actrices françaises ont posé cet acte de fort de rébellion :

Mais les raisons de l’Occident d’attaquer le régime iranien, vont plus loin qu’une histoire de voile.

D’une part, on retrouve le contexte compliqué du conflit russo-ukrainien puisque la fédération de Russie utilise des drones iraniens lors de ses offensives. Inadmissible pour l’Union européenne qui a convenu de mettre sur liste noire le fabricant iranien de drones Shahed Aviation Industries, deux hauts commandants militaires iraniens, ainsi que le brigadier général Saeed Aghajani, membre des Gardiens de la révolution qui a pour mission de superviser le programme de drones iranien.

D’autre part, les pays occidentaux s’inquiètent pour leurs ressortissants, prisonniers politiques, bloqués en Iran. Pour beaucoup, ils sont détenus dans la prison d’Evin, théâtre cette semaine d’un incendie et d’affrontements.

Capture d’écran d’une photo montrant l’incendie ravageant la prison d’Evin, le 15 octobre 2022. © Twitter @TOFTOFO

La prison d’Evin est réputée pour les mauvais traitements qui y sont infligés aux prisonniers politiques. Outre les nombreuses personnes arrêtées lors du mouvement de contestation, l’établissement détient également des étrangers ou des binationaux : français, américains, canadiens, …

À l’intérieur des frontières, nous en avons déjà parlé la contestation populaire continue mais les répressions aussi. Cette révolte est désormais celles des nouvelles générations, les descendants de ceux qui étaient descendus dans les rues en 1979.

Manifestante de la « Marche de solidarité pour l’Iran » à Washington, le 15 octobre 2022. ©Stefani Reynolds & AFP

Des femmes, des adolescentes et même des enfants se joignent désormais au mouvement. Mais le régime ne cède pas et durcit sa répression : les manifestations essuient d’ailleurs un triste bilan puisque des dizaines d’enfants ont été tués et des centaines emprisonnés, dans des centres chargés de les « rééduquer ».

Si cette question vous intéresse, si vous souhaitez vous informer sur le sujet ou en débattre, ne manquez pas notre conférence-débat avec « Femmes iraniennes et afghanes», avec Firouzeh Nahavandi.

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient …

Egypte : Le pays des pharaons est sous le choc après le décès d’une petite fille de 9 ans. Basmala Osama Ali Mohamed, élève à l’école primaire, aurait été frappée par son professeur d’arabe parce qu’elle avait fait une faute d’orthographe en écrivant au tableau devant toute la classe. Trois coups de bâton en bois qui ont conduit la petite écolière à l’hôpital où elle a succombé à une hémorragie cérébrale (Voir l’article de Middle East Eye).

© Facebook

Plus choquant encore : selon le père de Basmala, la fillette est tombée dans le coma après l’agression. Il ajoute que le directeur de l’école a tenté à tort de la soigner au lieu d’appeler une ambulance, ce qui a empiré les choses. La fillette de 9 ans a été ensuite transportée sur un tricycle motorisé par un autre professeur et laissée devant la porte de son domicile, en sang et inconsciente.

La population, indignée, réclame aujourd’hui justice car le cas ne semble pas isolé : selon un rapport de Human Rights Watch sur les châtiments corporels dans les écoles publié en 2020, « au moins 90 % des enfants ont été soumis à des violences physiques ou verbales chaque mois » dans certains pays de la région MENA.

Algérie: Autre pays, autre drame… C’est une jeune femme de 28 ans, Ryma Anane, enseignante de français, qui a cette fois été attaquée par son voisin. Alors qu’elle s’apprêtait à prendre le bus pour aller au travail, ce dernier l’a aspergée d’essence et brûlée vive à l’aide d’un briquet. La raison présumée est qu’elle refusait de l’épouser (Voir l’article de Middle East Eye).

© Facebook

Après son transfert à l’hôpital de Tizi Ouzou, les médecins ont jugé que son état nécessitait une prise en charge rapide à l’étranger au regard de la gravité des brûlures (60 % de son corps). Grâce à la société d’assistance médicale, ADM International, Ryma a pu être transférée et prise en charge dans un hôpital à Madrid.

Maroc : Numéro d’équilibriste pour la diplomatie marocaine cette semaine !

Tout d’abord, vis-à-vis de la Russie, en faisant le grand écart entre ses intérêts économiques (exportations) et politiques (contestation au Sahara Occidental, Voir l’article d’Aziz Chahir):

Ensuite, dans ses contacts avec l’Arabie Saoudite, puisque le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que son pays se tient pleinement aux côtés du Royaume dans toutes les décisions qu’il prend, notamment en ce qui concerne sa sécurité et la stabilité des marchés de l’énergie (Voir l’article d’Arab News).

S’opposant de ce fait aux positions américaines et, occidentales, par la même occasion…

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s’entretenant avec le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane (17.10.2022). © SPA

Émirats Arabes Unis : Le Louvre Abu Dhabi fête son 5ème anniversaire !

À cette occasion, le musée propose une exposition unique « Impressionnisme : la modernité en mouvements » riche de 150 œuvres, prêtées par les collections du musée parisien d’Orsay (partenaire de l’exposition aux cotés de France Museums) (Voir l’article d’Eva Levesque).

Qatar: La coupe du monde de football au Qatar fait à nouveau parler d’elle. L’idée d’un boycott de l’évènement fait progressivement son chemin : en France, par exemple, plusieurs maires ont récemment annoncé que leur ville ne diffusera pas l’événement sur écrans géants comme de coutume, des personnalités ont également annoncé qu’elles ne se rendront ni ne suivront l’évènement, … Hélène Ducourant, sociologue française, analyse le phénomène du « boycott » dans le quotidien Le MondeArabe.fr. Quel pouvoir avons-nous ?

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